De récentes datations réalisées par une équipe internationale de chercheurs ont permis de confirmer qu’un célèbre site paléontologique du sud de l’Espagne, découvert en 1821, avait servi de lieu d’expression artistique et de sépulture pendant des dizaines de milliers d’années.
Des datations révélatrices
Située dans la région de Malaga, la Cueva de Ardales abrite plus de 1 000 peintures et gravures rupestres ainsi que divers artefacts et ossements humains. Bien que celle-ci ait été découverte il y a plus de deux siècles, lorsqu’un tremblement de terre en avait exposé l’entrée, la façon dont nos ancêtres l’avaient utilisée restait jusqu’à présent obscure.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PLoS One, des archéologues espagnols, allemands et danois ont combiné différentes méthodes (dont la datation radiométrique, consistant à mesurer les niveaux de certains éléments radioactifs tels que le carbone 14) afin de dater précisément les témoignages humains découverts sur le site.
Il s’est avéré que ses premiers occupants, probablement des Néandertaliens, étaient arrivés il y a plus de 65 000 ans. Les traces les plus précoces d’Homo sapiens remontaient à 35 000 ans environ, quelques milliers d’années seulement après la disparition d’Homo neanderthalensis. Les analyses ont montré que celle-ci avait ensuite été occupée de façon épisodique jusqu’au début de l’âge du cuivre, il y a 7 000 ans environ.
L’art rupestre est considéré comme un témoignage des premières tentatives de l’humanité pour comprendre, rationaliser et représenter le monde qui l’entoure. Notre capacité à imaginer et à communiquer par le biais du langage, de l’écriture, de la science, de l’art et des représentations abstraites est probablement le prolongement de ces bonds en avant dans la culture humaine ancienne.
Un lieu d’expression artistique et de sépulture
« Notre recherche présente une série bien établie de plus de 50 datations radiométriques dans la Cueva de Ardales qui confirment la présence d’art paléolithique datant de plus de 58 000 ans », soulignent les chercheurs. « La présence de nombreux fragments d’ocre dans des sédiments datant du Paléolithique moyen confirme également qu’il s’agissait d’un important lieu d’expression artistique. »
Si les plus anciens exemples d’art rupestre du site de Malaga se résument à des motifs abstraits tels que des points, des traces de doigts et des pochoirs de mains créés avec un pigment rouge, les plus récents comprennent des peintures plus complexes et des figures animales. Les restes humains indiquent de leur côté que la grotte a également été utilisée comme lieu de sépulture au cours de l’Holocène (période géologique ayant débuté il y a environ 12 000 ans).
« Le peu de preuves de signes d’activités domestiques indiquent que les humains ne résidaient pas dans la grotte, ce qui confirme que cette dernière possédait une immense valeur symbolique », ajoutent les auteurs de l’étude. « On dénombre plus d’une trentaine de grottes présentant un art similaire au sein de la péninsule ibérique, ce qui souligne son importance pour la compréhension de la préhistoire européenne. »
Par Yann Contegat, le
Source: Cosmos Magazine
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