La grossesse est une étape complexe dans la vie d’une femme, et de nombreux phénomènes plus ou moins étranges peuvent se produire au cours des neuf mois nécessaires au développement du fœtus. Il a notamment été révélé que la grossesse peut réveiller d’anciens virus dans l’ADN des femmes enceintes.
Un phénomène lié à la production sanguine
De nombreux changements se produisent dans le corps des femmes enceintes. C’est inévitable afin que le corps puisse répondre correctement aux besoins de la vie supplémentaire qui se développe en son sein. Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’université du Texas, aux États-Unis, et de l’université de Duisbourg-Essen, en Allemagne, viennent notamment de découvrir que la grossesse peut activer d’anciens restes viraux conservés dans le génome humain. En effet, d’après les résultats de l’étude publiée dans la revue Science, un mécanisme ancien se réveille dans l’ADN des humains et d’autres mammifères pendant la grossesse et lors des moments de perte de sang.
Ce mécanisme entraîne une demande accrue de globules rouges dans le corps. Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs ont procédé à des analyses génétiques de cellules souches de souris et d’humains. Cela leur a permis de découvrir comment les cellules souches hématopoïétiques (formatrices du sang) – qui ont la particularité de se diviser généralement peu fréquemment – sont activées pendant la grossesse et après une perte de sang. Lorsque les chercheurs ont comparé les gènes activés dans les cellules souches de souris enceintes et non enceintes, ils ont découvert que les rétrotransposons (éléments génétiques mobiles) de l’ADN non codant étaient activés dans les cellules souches de souris enceintes.
Un mécanisme dangereux, mais absolument nécessaire
Notons que les ADN non codants sont d’anciennes séquences de gènes viraux qui font désormais partie intégrante du génome humain. Ces séquences d’ADN non codant sont parfois appelées « ADN poubelle », car ils ne codent pas les protéines qui contribuent au fonctionnement cellulaire. Ainsi, pour survivre et se répliquer, ces séquences d’ADN utilisent une enzyme appelée transcriptase inverse, comme c’est également le cas pour le virus de l’immunodéficience humaine.
Les mammifères ont développé des mécanismes pour maintenir les rétrotransposons désactivés la plupart du temps, car il faut savoir que ces derniers ont la capacité d’endommager l’ADN lorsqu’ils se répliquent et se réinsèrent dans d’autres parties du génome. L’activation des rétrotransposons pendant la grossesse a ainsi étonné les chercheurs, car cette étape de la vie est un moment crucial pendant lequel il faut protéger l’intégrité du génome et éviter les mutations.
Cependant, l’étude a montré que l’activation de ces séquences d’ADN est plus utile que dangereuse, puisqu’elles activaient une protéine de signalisation appelée interféron qui, à son tour, augmente l’activité des cellules souches hématopoïétiques. L’afflux sanguin résultant de ce processus est absolument nécessaire pendant la grossesse, dans la mesure où c’est ce qui permet de soutenir le développement du fœtus et du placenta qui le nourrit. D’ailleurs, en bloquant ce mécanisme chez les sujets murins, il a été montré que cela déclenchait une anémie chez les souris enceintes. Par ailleurs, des scientifiques identifient le responsable des nausées matinales pendant la grossesse.