Pour la première fois, des chercheurs français ont montré que les perturbations du microbiote intestinal engendrées par le virus de la grippe favorisaient les surinfections bactériennes secondaires. Ces résultats offrent de nouvelles perspectives pour la prévention et le traitement de ce type de complications.
Le rôle clef du microbiote
À l’heure actuelle, la grippe et ses complications représentent un problème important de santé publique ainsi qu’une lourde charge socio-économique. Bien que les campagnes de vaccination et la mise au point de nouveaux traitements antiviraux offrent des solutions préventives ou thérapeutiques, l’altération des mécanismes de défense contre les infections bactériennes secondaires causée par le virus reste un problème de taille. Présentés dans la revue Cell Reports, ces travaux réalisés par des chercheurs du Centre d’infection et d’immunité de Lille et de l’INRAE constituent une avancée importante dans la lutte contre ce type d’infections.
Dirigée par François Trottein, chercheur du CNRS au Centre d’infection et d’immunité de Lille, l’équipe de recherche s’est penchée sur le microbiote intestinal, jouant un rôle essentiel dans de nombreux processus physiologiques, y compris les mécanismes de défenses immunitaires, et a montré que le virus de la grippe modifiait de façon transitoire la composition et l’activité métabolique de celui-ci chez la souris. Selon les chercheurs, ces modifications seraient vraisemblablement liées à la baisse de la consommation alimentaire durant la maladie.
Un traitement à l’acétate pour corriger la sensibilité à la surinfection bactérienne
Chez un patient grippé, la production d’acides gras à chaînes courtes par les bactéries de son microbiote se trouve également réduite. Et il s’avère que ces acides gras stimulent à distance l’activité bactéricide des macrophages présents dans les poumons. De ce fait, la perturbation du microbiote intestinal engendrée par la grippe compromet les défenses pulmonaires, en particulier contre Streptococcus pneumoniae.
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont également démontré qu’il était possible de corriger cette sensibilité à la surinfection bactérienne via un traitement à l’acétate, constituant l’un des principaux acides gras à chaînes courtes produits par le microbiote. Privilégier ce type d’approche pourrait par conséquent permettre aux patients d’être mieux armés contre les complications liées au virus, et plus particulièrement les pneumonies bactériennes, cause majeure de décès chez les personnes âgées ou vulnérables touchées par le virus de la grippe.
Ces découvertes pourraient conduire au développement de nouvelles stratégies nutritionnelles et/ou thérapeutiques visant à mieux contrôler les infections bactériennes.
Par Yann Contegat, le
Source: CNRS
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