Une fermière indienne dans son champs via Shutterstock
Les agriculteurs du monde entier ont une tâche essentielle à nos sociétés. Pourtant, au sein de la population, ils sont parmi les moins bien lotis, leur conditions de travail et leurs revenus se dégradant. Mais en Inde, un organisme a mis en place une série d’outils qui permettent aux agriculteurs de mener leur travail à bien. SooCurious vous présente cette superbe initiative.
Il y a quelques années, Chandrakala Kongala, une agricultrice du village rural de Bommireddipalli, dans l’Etat d’Inde du Sud de Telangana, faisait face à un problème dévastateur : d’un seul coup, une averse imprévue avait ravagé sa récolte d’arachides.
Pour Kongala, l’agriculture représentait un réel moyen de subsistance. Car en vivant dans une région éloignée avec un accès limité au transport, elle était inéligible à une entrée sur le marché du travail ordinaire. Et dans sa situation précaire, de mauvaises récoltes signifiaient assurément qu’elle n’aurait aucune source de revenu.
Pendant les saisons suivantes, les plantations de Kongala furent florissantes. Elle cultivait une variété de plantes dont la récolte survenait quelques fois plus tôt que prévu. Finalement, elle finit par posséder une ferme d’un hectare produisant des centaines de livres de cultures par récolte. Si bien que désormais, elle gagne 20 000 à 30 000 roupies par saison (300 $ à 450 $) – une somme incroyable dans une communauté de fermiers qui subsistent avec un à deux dollars par jour.
L’ICRISAT forme des agriculteurs
Ce qui a changé, pour Chandrakala ? Certainement des conditions climatiques un peu plus douces. Mais surtout, l’agricultrice a pu bénéficier d’un dispositif dont jouissait déjà une grande partie du reste du monde développé : la carte SIM.
L’idée s’est développée en 2002, lorsque le gouvernement du Telangana a fait appel à l’ICRISAT, pour International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics. L’institution à but non lucratif, qui forme les agriculteurs des régions sèches pour qu’ils développent des pratiques agraires préventives, a cherché des collaborateurs locaux du Telangana et s’est associée au collectif d’entraide des agricultrices, connu sous le nom d’AMS, pour Adarsha Mahila Samakhya.
Des chercheurs de l’ICRISAT ont rapidement visité des villages des Etats indiens du Telangana, de Andhra Pradesh et de Karnataka. Ils ont alors observé des agricultrices de l’AMS afin de mieux comprendre leurs méthodes et leurs défis. Puis, dans chaque Etat, l’institut a commencé par la création d’un « Village Knowledge Center », où les agricultrices pourraient apprendre comment faire fonctionner des téléphones et ordinateurs pour extraire l’information agricole à partir de sites web.
L’un des principaux défis de l’expérience fut que les sites agricoles auxquels se référaient les agricultrices étaient tous en anglais, un langue souvent inconnue de ces femmes qui étaient également bien souvent analphabètes. V.V. Sumanth Kumar, scientifique de l’ICRISAT, explique d’ailleurs que « les niveaux d’alphabétisation des fermiers sont faibles en Inde ». Pour résoudre ce problème, il explique donc que l’institut « a décidé de plutôt miser sur les téléphones » et que pour contourner les problèmes de langue et d’alphabétisation, ils se concentrèrent « sur les messages vocaux ».
Un Village Knowledge Center de l’ICRISAT
Fut alors élaborée la GreenSIM. Conçu pour optimiser la prospérité agricole dans les pays en développement, le dispositif tire parti des fonctions de base d’une carte SIM pour transmettre des messages vocaux gratuits aux agriculteurs, offrant des mises à jour relatives à la culture et à la vente des récoltes.
Ainsi, pour animer le produit, l’ICRISAT équipa environ 7000 fermiers avec des téléphones munis de GreenSIM activées. L’institut a ensuite rédigé des messages sur la météo, la fertilité des sols, les problèmes de nuisibles et les prix des récoltes, le tout grâce aux rapports du Département météorologique indien et aux données recueillies dans les villages du Telangana. Les messages, envoyés cinq fois par jour sous forme d’appels, permettent d’informer les agriculteurs sur ce qu’ils ont besoin de savoir pour mener à bien leur activité.
Au fur et à mesure de la mise en place du dispositif, l’ICRISAT en a amélioré le fonctionnement. Par exemple, l’institut s’est rendu compte que les fermiers accordaient plus d’importance aux messages s’ils les entendaient de la bouche de leurs pairs. Ainsi, le corps des messages est désormais traduit dans les langues locales des agriculteurs.
Après le succès de la GreenSIM, l’ICRISAT a développé le GreenPhablet, un appareil hybride entre tablette et téléphone, équipé d’une GreenSIM. Particulièrement résistant, le dispositif est surtout censé remplacer le Knowledge Center Village en inculquant les bons réflexes aux agriculteurs.
Face à ces nouveaux outils, l’ICRISAT a constaté une « excitation au sein de la communauté des fermiers », ceux-ci étant jusqu’alors soumis aux caprices de la nature. Ainsi, un rapport datant de 2012 du National Crime Reports Bureau, le Maharashtra, l’Andhra Pradesh et le Karnataka, Etats dont la population est massivement agricultrice, rassemblaient 32 % des suicides commis en Inde, les fermiers étant bien souvent acculés par les dettes à cause d’une nature difficile et de récoltes en berne.
Désormais, l’ICRISAT travaille avec d’autres organismes à but non lucratif dans des pays en développement d’Asie ou d’Afrique. Ceux-ci se sont d’ailleurs aussi approprié les outils mis en place par l’institut, qui cherche à établir des partenariats dans les domaines de la finance, de la santé et de l’éducation.
L’ICRISAT se développe en Afrique
Le travail réalisé par l’ICRISAT et ses partenaires locaux est réellement encourageant puisqu’il vient en aide aux populations les moins avantagées de pays en développement. Si ce genre d’initiatives altruistes vous intéresse, découvrez comment des étudiants ont construit des maisons écologiques à moindre coût pour venir en aide aux familles en difficulté.
Par Maxime Magnier, le
Source: arstechnica
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