Des restes d’humains du Néolithique étonnement grands ont été exhumés en Chine. Leur morphologie est troublante par rapport aux standards de l’époque. Les archéologues s’interrogent alors sur la manière dont pouvaient vivre ces « géants ».
D’étranges squelettes
Le plus grand fait 1 mètre 90, les autres dépassent le mètre 80. Les squelettes découverts par les archéologues chinois de l’université de Shondang, dans le sud est de la Chine, sont stupéfiants. Cette taille « est seulement basée sur la structure des os », précise Fang Hui, directeur du département d’histoire et de culture, laissant entendre qu’ils seraient encore un peu plus grands. Ils seraient vieux de 5000 ans. Et leur imposante stature pose des questions.
Elle pourrait remettre en cause ce que l’on pensait savoir de la morphologie des hommes du néolithique. On suppose généralement que l’homme moderne est plus imposant que ses ancêtres, en raison d’un apport nutritionnel incomparable. Ainsi, la taille moyenne des restes humains de la même période (bien qu’ils soient principalement localisés en Europe) est d’environ 1 mètre 65. Même en 2015, la taille moyenne des hommes de la région n’est que d’un mètre 70. S’ils revenaient à la vie, ces hommes du néolithiques dépasseraient donc de beaucoup leurs descendants.
Explication culturelle
L’une des hypothèses des chercheurs est que ces individus avaient un rang social particulièrement élevé, qui leur aurait permis un accès à une nourriture plus abondante et saine que leurs contemporain. Plusieurs indices laissent en effet penser qu’ils appartenaient à un groupe social dominant : leurs tombes sont les plus larges des 205 fouillées par l’équipe. En outre, les chercheurs ont constaté des marques de violence sur leurs os. Probablement commises de manière posthume, ces traces de violences pourraient aussi indiquer des possibles luttes de pouvoir.
Pour que certains puissent jouir d’une existence si confortable, il est plausible que la culture de la région au néolithique ait été particulièrement développée. On a ainsi trouvé des os et des dents de cochon sur le site, ce qui indique de techniques agricoles d’élevage développée : « déjà agricultyeurs à l’époque, ces hommes avaient des ressources en nourriture riches et variées, ce qui a ainsi modifié leur apparence physique », suppose Fang. Surtout, l’étude des ruines d’habitations donnent à penser que les cuisines et les chambres étaient séparées, témoignant d’un certain luxe.
Une avancée dans l’étude de la période
Le site est donc remarquable. Il éclaire d’un jour nouveau la période assez mal connue du néolithique tardif chinois, aussi appelé culture de Longshan. L’absence de traces écrites dans des temps si anciens fait que seule l’archéologie peut nous renseigner sur les conditions de vie de l’époque. On y a retrouvé de nombreuses poteries et céramique, caractéristiques de la « révolution néolithique », mais aussi, comme on l’a vu, des traces d’organisations sociales complexes, (qui s’écarte des cultures plus archaïques marquées par une économie plus égalitaire), et d’une bonne maîtrise de l’agriculture.
L’ensemble du site du village de Jiaojia reste encore à fouiller. La fraction déjà étudiée comprenait une centaine de maisons, deux fois plus de tombes et une vingtaine de fosses sacrificielles. Surtout, l’équipe n’a pas encore pu présenter ses travaux à des pairs, processus préalable à tout consensus sur les trouvailles. Mais à l’heure où la situation au Moyen Orient bloque l’accès au lieu l’origine de la culture néolithique aux spécialistes, ils se consoleront en pensant aux avancées dans la compréhension de sa version chinoise.
Par Tristan Castel, le
Source: Science Alert
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