La télévision regorge de surprises : des séries épatantes à la croisée des genres qui étonnent par leur caractère spécial ont, depuis quelques années, séduit de nombreux spectateurs. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve Galavant, une série télévisée américaine mêlant comédie musicale et quête épique avec un soupçon d’autodérision. Retour sur cette drôle de création.
Galavant, c’est la série de Dan Fogelman diffusée sur la chaîne américaine ABC en janvier 2015 et c’est aussi le nom de son héros, un jeune chevalier à la recherche de l’amour de sa vie. En effet, alors qu’il allait enfin connaître son « ils vécurent heureux pour toujours », sa belle nommée Madalena, lui fut volée par un roi sans foi ni loi, le roi Richard. Sans douter une seconde, il part à l’aventure et constituera, autour de lui, toute une équipe plus ou moins chevaleresque mais toujours prête à sacrifier sa vie pour lui.
Avec une telle création, Dan Fogerman n’a pas tardé à faire les gros titres des journaux spécialisés dans le petit écran : la série avait, en effet, titillé la curiosité d’un bon nombre de critiques et avait retenu leur attention alors que, la même année, sortaient des têtes d’affiche telles que Better Call Saul ou Agent Carter. Une publicité toute trouvée pour cette création assez difficile à caractériser : une comédie musicale médiévale et parodique qu’on compara trop activement avec le cultissme Sacré Graal sans que cela n’y ait à voir.
Sans pousser l’absurde jusqu’au bout, Galavant se permet énormément avec les codes de la télévision. Tout d’abord, son héros, presque énervant par excès de bravoure, est très vite transformé en pathétique loser quand sa belle et la quête de sa vie disparaissent sous ses yeux. Il en va de même des autres protagonistes dont l’utilisation change des habituelles adaptations des contes médiévaux. Galavant se fiche de respecter les codes donc et se permet même ouvertement et facilement anachronismes et raccourcis scénaristiques qui, en plus d’aider au développement de l’histoire, surprennent et plaisent aux spectateurs.
Rafraîchissante, elle ne se prend pas au sérieux : Quand la seconde saison rattrape un oubli de la première, elle le fait en soulignant son erreur. En effet on y découvre un collier supposément porté par l’héroïne depuis le début sans jamais l’avoir vu, ce que son laquais ne manque pas de remarquer, plusieurs fois qui plus est. Quand ses personnages sont éparpillés aux quatre coins du monde et que l’histoire nécessite leur réunion, les scénaristes les font se rencontrer dans une « Forêt des Coïncidences ».
Une scène d’une facilité extrême mais qui a le mérite d’être totalement assumée par la série, au même titre que de nombreux évènements imprévus au scénario. Les musiques sont, à cet effet, idéales puisqu’elles permettent aux équipes créatrices de faire passer tous leurs messages aux spectateurs, qu’il s’agisse du futur de la série, de leur nomination aux Emmy Awards ou des invités spéciaux de la seconde saison.
Des musiques aussi drôles que belles et pour cause, elles furent créées par un grand nom de la comédie musicale : Alan Menken, à qui l’on doit les mélodies des succès Disney, La Petite Sirène et Aladdin, a travaillé en collaboration avec Glenn Slater (Raiponce) chargé de l’écriture des paroles. Si la chaîne a pu s’offrir de telles célébrités malgré le petit budget de la série, c’est entre autres parce que ABC fait partie des nombreuses acquisitions de Disney, la firme aux grandes oreille qui, elle, ne rencontre pas de problèmes de petites bourses. Attention toutefois, cette série destinée aux adultes ne fut pas produite par Disney, on y suppose simplement un coup de pouce.
Une des forces de Galavant c’est aussi ses personnages, constamment en mouvement : un laquais qui devient roi, un chevalier sans but, un roi sans royaume et une princesse en danger devenue reine maléfique. Tous débordent de bonne humeur et sont portés par des comédiens de qualité dont un, remarqué et remarquable dès le premier épisode : le roi Richard, incarné par Timothy Omundson (Psych : Enquêteur malgré lui) devenu très vite le chouchou des téléspectateurs.
Un problème toutefois, la série qui promettait beaucoup fut considérée par sa chaîne comme un simple bouche-trou entre deux programmes, censé remplacer Once Upon a Time en attendant son retour. Malgré sa qualité et l’intérêt qu’on y trouvait, elle fut annulée assez brutalement par ABC.
On peut toujours se réconforter en se disant que Galavant a su rire de tout, même de cette décevante nouvelle, puisque la dernière chanson de la première saison se concluait par un couplet assez étonnant : « Vous aurez la suite à la prochaine saison, ou pas, parce que le monde des TV shows est cruel et que les séries même de qualité qui sont maintenues à l’antenne sont rares. » Bien vu !
Bien vu toujours pour les fans de la série qui n’ont pas tardé à se mobiliser pour réclamer son retour sur le petit écran. #MoreGalavant, le projet soutenu par les acteurs, conduisit à une pétition qui dépassa assez vite son but de 22 000 téléspectateurs. Le soutien fonctionna puisque Fogelman leur partagea assez rapidement sa volonté de terminer la série, sur une autre plateforme.
Drôle, second degré, déjantée et surprenante, Galavant avait tout d’une série pour réussir sinon l’appui de sa chaîne hôte. Un faux pas pour ABC qui aura vu naître la colère des téléspectateurs et leur acharnement à protéger une belle œuvre qu’on vous recommande de découvrir sans attendre.