Aller au contenu principal

Pourquoi des physiciens ont-ils mis un furet dans un accélérateur de particules en 1971 ?

La raison est très étonnante

furet

La technologie et la nature ont souvent eu des rencontres inattendues. Dans le monde de la recherche scientifique de pointe, l’ingéniosité des ingénieurs et des physiciens peut mener à des solutions surprenantes. L’une de ces solutions, datant de 1971, a mis en vedette une créature inattendue : un furet nommé Felicia.

Le défi du National Accelerator Laboratory

Dans les années 1970, l’Illinois abritait le National Accelerator Laboratory (NAL). Cette institution avait pour mission de construire et de tester le plus puissant accélérateur de particules de l’époque : un synchrotron à protons de 200 milliards d’électrons-volts (BeV). Cet investissement colossal, tant en temps qu’en ressources, représentait une avancée technologique majeure pour l’époque. 

Les accélérateurs de particules propulsent des particules à des vitesses vertigineuses pour déchiffrer les mystères de la matière. Aujourd’hui, les exploits du Grand collisionneur de hadrons du CERN captivent l’attention mais, à cette époque, l’accélérateur du NAL (aujourd’hui Fermilab) était une merveille technique. Cependant, le succès n’était pas garanti. Malgré les années d’efforts, l’appareil souffrait d’une défaillance récurrente.

Le cœur du problème était simple mais redoutable. Des impuretés métalliques s’étaient accumulées à l’intérieur des tubes à vide de l’accélérateur, qui s’étendait sur une distance impressionnante de 6,4 kilomètres. Ces particules métalliques perturbaient le bon fonctionnement des aimants géants, provoquant ainsi des courts-circuits. Pour ne rien arranger, la largeur de ces tubes était comparable à celle d’une balle de tennis, ce qui rendait le nettoyage d’une si petite surface extrêmement difficile.

Felicia, l’innovante solution

Face à ce défi technique, l’équipe a dû faire preuve de créativité. C’est l’ingénieur britannique Robert Sheldon qui a proposé une solution pour le moins originale : utiliser un furet pour nettoyer les tubes. Les furets, en raison de leur nature curieuse et de leur corps flexible, étaient souvent utilisés dans le Yorkshire, en Angleterre, pour chasser les lapins hors de leurs terriers.

Felicia, une femelle furet de 38 centimètres, fut alors recrutée pour cette tâche ardue. Acquise pour la somme de 35 dollars, elle devint rapidement une figure emblématique du laboratoire. Sa tenue de travail se composait d’un harnais en cuir et d’une couche faite maison (pour éviter que les excréments de furet ne remplacent les particules de métal). 

Pour la préparer à sa mission, elle fut équipée d’un harnais spécial et formée pour se déplacer dans des tubes étroits. Lorsqu’elle fut enfin prête, elle tira un bout de ficelle et entra dans les tubes. Les physiciens ont utilisé la ficelle pour nettoyer le tunnel en attachant l’une de ses extrémités à un écouvillon qui avait été trempé dans une solution de nettoyage et tiré à travers le tunnel. 

La postérité de Felicia

Si le recours à Felicia a indéniablement contribué à résoudre le problème initial, les avancées technologiques ont rapidement permis de mettre au point des solutions mécaniques plus performantes. Felicia fut alors remplacée par un « furet magnétique », une machine capable de nettoyer les tubes de manière encore plus efficace.

Mais l’histoire de Felicia ne s’arrête pas là. Elle est restée une figure chérie du NAL, traitée avec affection par les scientifiques et le personnel du laboratoire. Elle était régulièrement choyée avec de la nourriture comme du foie, du poulet et même du hamburger cru. Certains employés l’invitaient même chez eux pour la nuit.

Malheureusement, la vie de Felicia fut courte. En 1972, elle tomba malade et décéda quelques jours plus tard. En dépit de sa disparition, son impact sur la communauté scientifique et sa contribution unique à la recherche restent gravés dans la mémoire de tous. Le rôle de Felicia dans l’histoire des accélérateurs de particules rappelle que, parfois, les solutions les plus simples et les plus naturelles peuvent être les plus efficaces.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

Étiquettes: ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *