
En séquençant génétiquement des échantillons de salive humaine, une équipe de chercheurs japonais a identifié d’énormes fragments d’ADN dont nous ignorions jusqu’alors l’existence.
Les Inocles
Les cellules du corps humain dotées de noyaux abritent des brins d’ADN entrelacés. Si ces doubles hélices s’avèrent essentielles au développement et au fonctionnement de notre organisme, il existe également des morceaux de matériel génétique « rebelles », connus le nom d’ADN extrachromosomique.
Flottant à l’intérieur de certaines cellules, celui-ci est connu pour jouer un rôle dans le développement des tumeurs cancéreuses, mais contribue également au maintien des télomères, capuchons protecteurs situés à l’extrémité de nos chromosomes dont la dégradation favorise l’accumulation de cellules sénescentes, considérée comme l’une des principales causes du vieillissement.
En examinant le microbiote buccal humain, Yuya Kiguchi et ses collègues de l’université de Tokyo ont découvert des fragments d’une taille inédite. Baptisés Inocles, ceux-ci ont été liés aux bactéries Streptococcus salivarius. Pour les identifier, l’équipe japonaise a développé une nouvelle technique de cartographie génétique permettant la capture de brins d’ADN beaucoup plus longs.
« La taille moyenne du génome des Inocles est de 350 kilobases, en faisant les plus grands éléments extrachromosomiques connus du microbiote humain », détaille l’étude, publiée dans la revue Nature Communications. « En comparaison, les plasmides [autres formes d’ADN extrachromosomique] ne dépassent généralement pas quelques dizaines de kilobases. »

Un lien probable avec le stress oxydatif et extracellulaire
Si davantage de recherches seront nécessaires pour déterminer l’impact des Inocles sur notre santé bucco-dentaire (maladies gingivales, caries…), leur longueur suggère un lien avec le stress oxydatif et extracellulaire. Ils pourraient également potentiellement constituer des marqueurs de certaines maladies graves, comme le cancer.
« Maintenant que nous savons qu’ils existent, nous pouvons explorer leur relation avec notre organisme », estime Kiguchi. « Compte tenu de la diversité représentée par les échantillons de salive étudiés, nous pensons que jusqu’à 74 % des humains en possèderaient. »
L’an passé, des « gènes sombres » avaient été découverts dans l’ADN humain.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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