Une équipe de chercheurs américains a observé un phénomène jusqu’alors jamais documenté chez les fourmis : la production par les nymphes de différentes espèces d’un liquide nutritif, consommé par les adultes et les larves de la colonie.
Des observations inédites chez la fourmi
Les fourmis passent par trois stades principaux de développement. Les œufs deviennent des larves, dépourvues d’yeux et de pattes et semblables à des vers, qui vont ensuite se transformer en nymphes, ressemblant davantage à des fourmis adultes, ultime étape avant qu’elles ne deviennent matures.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature, Orli Snir et ses collègues de l’université Rockefeller de New York ont isolé des nymphes de fourmis pilleuses clonales (Ooceraea biroi) et découvert que celles-ci sécrétaient un liquide environ six jours avant leur éclosion. Si son accumulation entraînait une infection fongique fatale pour les nymphes, lorsque celui-ci était régulièrement retiré, ces dernières se développaient comme prévu.
Ces observations suggérant que les adultes et les larves de la colonie consommaient le fluide, l’équipe a cherché à observer ce phénomène en conditions réelles. Pour ce faire, les scientifiques ont injecté un colorant alimentaire dans l’espace exuvial (où était stocké le liquide) des nymphes de la colonie. En l’espace de 24 heures, les larves et fourmis adultes l’avaient ingéré en intégralité.
Les chercheurs ont dans un second temps testé en laboratoire les effets de l’exposition à ce liquide sur les larves. Lorsque celles-ci en étaient privées, leur croissance était ralentie et leur taux de survie chutait, suggérant que le fluide nourrissant contenait des hormones et d’autres substances à même de favoriser leur développement.
Une forme d’interdépendance contribuant au maintien de l’unité de la colonie
Si les avantages potentiels de ces sécrétions pour les fourmis adultes reste à ce stade obscurs, il est probable qu’elles contribuent au maintien de l’unité de la colonie, en créant une forme d’interdépendance entre les différents stades de développement de ces créatures, avec une survie des nymphes dépendant des adultes et des larves, dont la croissance semble favorisée par le précieux liquide.
Au cours de la dernière phase de l’expérience, les chercheurs ont isolé les nymphes de quatre autres espèces de fourmis et constaté qu’elles produisaient toutes un liquide similaire avant l’éclosion.
« Il existe 15 000 espèces de fourmis, nous ne pouvons donc pas nous prononcer avec certitude, mais jusqu’à présent, il semble que toutes les fourmis produisent ce liquide », conclut Kronauer.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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