Les découvertes scientifiques ont souvent le pouvoir de remettre en question la compréhension du monde naturel. Une telle révélation est survenue dans le domaine de la paléontologie avec la récente identification des fossiles d’euglènes, des organismes unicellulaires. Cette forme de vie unique bouleverse les classifications traditionnelles des organismes vivants. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Review of Palaeobotany and Palynology.
Les euglènes, un mystère paléontologique
Les euglènes sont des organismes qui ne rentrent dans aucune des catégories biologiques traditionnelles. Ils ne sont ni des animaux, ni des plantes, ni des bactéries ou des champignons. Il s’agit d’un groupe d’eucaryotes unicellulaires appelé euglènes, qui se distinguent par une fusion inhabituelle d’énergies provenant de la photosynthèse, similaire aux plantes, et de la consommation d’autres êtres vivants, semblable aux animaux.
Les scientifiques estiment que les euglènes se sont séparés des autres formes de vie eucaryotes il y a environ un milliard d’années. Malgré leur ancienneté, les traces fossiles de leur existence sur Terre sont rares. Cependant, une équipe internationale de scientifiques prétend avoir découvert d’anciens fossiles d’euglènes dissimulés dans une compilation étendue de recherches scientifiques déjà publiées.
Identification des fossiles d’euglènes
Pendant des décennies, des fossiles aux structures en forme de coquilles avec des « côtes » circulaires internes ont été mal identifiés dans des recherches scientifiques comme des œufs de vers, des kystes d’algues ou des spores de fougères. Comme ces fossiles échappaient à toute classification, les scientifiques les ont baptisés « coquillages Pseudoschizaea » en 1962. Leur ressemblance surprenante sur une période de près d’un demi-milliard d’années a longtemps déconcerté la communauté scientifique.
En 2012, une percée majeure a été réalisée par les paléontologues Bas van de Schootbrugge et Paul Strother, qui ont identifié ces mystérieux microfossiles provenant de sédiments datant de la limite entre le Trias et le Jurassique, il y a environ 200 millions d’années. Ils ont émis l’hypothèse que les kystes circulaires et striés pourraient être des euglènes. En période de stress, les euglènes s’enkystent dans une structure protectrice et entrent en état de dormance.
Selon Strother, « certains des microfossiles que nous avons trouvés ressemblaient étrangement aux kystes d’Euglena, un représentant moderne qui avait été décrit par des collègues slovaques ». Le problème est que cette affirmation n’a pu être faite que par un seul magazine dans le monde.
Techniques avancées et confirmation
Strother et Van de Schootbrugge ont fait équipe avec des paléontologues américains et britanniques pour examiner quelque 500 références bibliographiques sur les fossiles de type Pseudoschizaea afin de confirmer leur hypothèse. L’équipe a utilisé des techniques microscopiques avancées pour examiner la structure des kystes.
Les résultats ont étonné les scientifiques, révélant une ultrastructure des kystes. La structure de la paroi de ces kystes ne ressemblait à rien de connu. Contrairement au pollen et aux spores, qui sont purement décoratifs, les nervures font partie intégrante de la structure de la paroi. En outre, la structure en couches des parois diffère grandement de celle de nombreuses autres algues vertes d’eau douce.
Alors qu’il peut être difficile de provoquer l’enkystement d’euglènes vivants en laboratoire, la vidéo YouTube d’un microscopiste australien, Fabian Weston, offre l’analogie idéale. Strother estime que maintenant qu’une chronologie potentielle de l’existence des euglènes a été établie, il sera plus simple pour les scientifiques d’identifier des spécimens encore plus anciens, peut-être remontant aux origines même de l’arbre de vie des eucaryotes.
La capacité des euglènes à s’enkyster a peut-être contribué à leur survie à travers d’innombrables extinctions planétaires, les distinguant des grandes créatures détruites par des catastrophes naturelles.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Science Alert
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