Le réexamen d’un fossile ancien, découvert en Colombie durant la seconde moitié du XXe siècle et initialement décrit comme un spécimen de plante préhistorique, a permis de révéler sa véritable nature : la carapace d’un bébé tortue du Crétacé.
Mystère paléobotanique
Trouvé par le prêtre Gustavo Huertas, ce témoignage datant du Crétacé inférieur (-145 à -100 millions d’années), avait été initialement attribué, en raison de ses motifs semblables à des feuilles, au genre végétal Sphenophyllum. Ses représentants étant censés avoir disparu à la fin du Carbonifère, soit plus de 100 millions d’années plus tôt, les chercheurs Fabiany Herrera et Héctor Palma-Castro ont récemment procédé à une analyse approfondie de l’étrange fossile afin de résoudre ce mystère apparent.
Le duo a rapidement constaté l’absence de caractéristiques essentielles de ces végétaux préhistoriques (nervures notamment). L’analyse des clichés du spécimen par le paléontologue Edwin-Alberto Cadena a permis de confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une plante fossilisée, mais de l’intérieur de la carapace d’une minuscule tortue préhistorique.
Selon Cadena, ce que Huertas avait pris pour des feuilles et des tiges était en fait les os des côtes et les vertèbres du reptile.
« Les marques les plus typiquement identifiables, habituellement utilisées pour comparer les tortues modernes ou fossiles, se trouvent à l’extérieur de la carapace », souligne le paléontologue. « Celles des jeunes tortues sont très fines et fragiles, ce qui explique que peu de fossiles similaires aient jusqu’à présent été découverts. »
De larges implications
S’appuyant sur la taille et la structure de la carapace, les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Palaeontologia Electronica, ont déterminé qu’elle appartenait à un animal âgé de moins d’un an au moment de sa mort. Une découverte contribuant à éclairer le développement et l’évolution des tortues du Crétacé, dont les plus grand spécimens connus mesuraient jusqu’à 4,5 mètres de long.
« La résolution de ce petit mystère paléobotanique souligne l’importance de réétudier les collections fossiles colombiennes », estime Herrera. « De telles découvertes élargissent non seulement nos connaissances sur le passé, mais ouvrent également de nouvelles perspectives », ajoute Palma-Castro.
En début d’année, d’autres recherches avaient révélé la véritable nature du plus ancien fossile animal supposé, ainsi que celle d’un spécimen vieux de 300 millions d’années, initialement identifié comme une méduse.