
L’examen de fossiles parfaitement conservés de reptiles du Trias a profondément bouleversé notre compréhension des phanères, en suggérant des origines génétiques nettement plus anciennes que prévu pour les poils et les plumes.
Mirasaura grauvogeli
Essentielles au vol, à la régulation thermique et jouant également un rôle important dans la communication visuelle des oiseaux, les plumes seraient apparues chez leurs plus proches parents fossiles, les dinosaures et les ptérosaures. Les plus anciens exemples de poils, isolants et impliqués dans la perception sensorielle des mammifères, remontent à plus d’une centaine de million d’années.
Récemment, des chercheurs se sont penchés sur le petit reptile préhistorique Mirasaura grauvogeli, qui vivait il y a 247 millions d’années. L’examen de deux fossiles complets et de dizaines de spécimens fragmentaires, comportant dans certains cas des tissus mous, a révélé la présence de longs « appendices cutanés », mesurant jusqu’à 153 millimètres de long.
Une analyse approfondie a révélé qu’ils renfermaient des cellules productrices de pigments appelées mélanosomes. Si elles se révélaient remarquablement proches de celles trouvées dans les plumes, l’équipe rappelle que, contrairement à ces dernières, les structures formant la crête imposante de M. grauvogeli étaient dépourvues de « barbes » (ramifications).

Une boite à outils génétique remontant potentiellement aux premiers amniotes
Dans l’ensemble, de telles découvertes suggèrent une « boîte à outils génétique » similaire à celle ayant permis l’émergence des plumes et des poils, remontant potentiellement aux premiers amniotes (ancêtres de l’ensemble des vertébrés terrestres).
« Mirasaura fournit la première preuve directe que les appendices cutanés complexes sont apparus au début de l’évolution des reptiles, dans des groupes n’étant pas étroitement apparentés aux oiseaux et aux dinosaures non-aviens », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature.
Décrit dans les années 1930 par le paléontologue français Louis Grauvogel, M. grauvogeli était un drépanosauromorphe, créature disparue au mode de vie arboricole et dotée d’une queue préhensile. L’étroitesse de sa crête dorsale suggère qu’elle aurait essentiellement servi à dissuader ses prédateurs, ou à se signaler à ses congénères.
En juin, des chercheurs avaient décrit un redoutable lézard préhistorique qui vivait il y a 75 millions d’années.