
En examinant l’os d’un ancien oiseau carnivore géant, des paléontologues ont identifié des marques claires de dents de crocodilien, suggérant une rude compétition inter-prédateur dans ce qui est aujourd’hui le nord de l’Amérique du Sud au cours du Miocène.
Rencontre fatale
Vieux d’environ 13 millions d’années, le fossile en question provenait de la région de Tatacoa, en Colombie. Aujourd’hui essentiellement désertique, celle-ci abritait à cette époque lointaine un vaste réseau de zones humides entrecoupées de forêts tropicales et de prairies, ainsi qu’une faune diversifiée.
Une analyse approfondie de ce témoignage préhistorique a permis de déterminer qu’il s’agissait de la partie inférieure de la patte d’un phorusrhacidé, ou « oiseau-terreur », mesurant 2,5 mètres de haut. Considérées comme les plus grands oiseaux prédateurs à avoir jamais existé, ces créatures incapables de voler étaient dotées d’un bec épais et tranchant, de griffes acérées, et n’hésitaient pas à s’attaquer à des mammifères massifs.
Intrigués par la présence de quatre entailles profondes, Andrés Link, de l’université des Andes, et ses collègues ont mené une série de comparaisons minutieuses, et sont parvenus à la conclusion qu’elles avaient été laissées par Purussaurus neivensis, ancien crocodilien géant mesurant environ 4,5 mètres de long.
A 13-million-year-old leg bone from an enormous flightless bird carries crocodilian tooth marks, showing South America was once a predator-eat-predator world https://t.co/Cogb0T7Th1
— New Scientist (@newscientist) July 23, 2025
« Les oiseaux-terreur trônaient au sommet de la chaîne alimentaire, mais cet os nous montre qu’ils étaient la cible d’autres super-prédateurs, dans ce cas un grand caïman préhistorique, lorsqu’ils s’approchaient de vastes étendues d’eau », explique le chercheur. Selon lui, l’absence de cicatrisation osseuse autour des marques de dents indique une rencontre fatale pour le volatile.
Nouvel éclairage
Dans l’ensemble, ces travaux publiés dans la revue Biology Letters contribuent à éclairer le régime alimentaire de P. neivensis et suggèrent également un risque de prédation plus élevé que prévu pour les oiseaux-terreur.
Décrites comme rares, les preuves directes d’interactions trophiques offrent un aperçu précieux de la dynamique d’écosystèmes depuis longtemps disparus. Précédemment, l’examen d’un os fossilisé d’oiseau-terreur nettement plus petit, mis au jour en Argentine, avait révélé son attaque par un marsupial préhistorique il y a 43 millions d’années.
Le fait que la partie inférieure de sa patte ait également été ciblée suggère qu’il s’agissait de l’un des points « faibles » de ces créatures.
L’an passé, une étude avait révélé la présence d’oiseaux prédateurs géants en Antarctique y a 50 millions d’années.