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Asphyxiées par les activités humaines, les forêts n’absorbent plus assez de CO2 !

Les forêts tropicales ne nous sauveront pas : c’est le constat d’une étude scientifique publiée dans le journal Science. Menée par une équipe internationale, elle nous exhorte à réhabiliter d’urgence les forêts amazonienne et boréale qui n’absorbent plus le CO2 contenu dans l’atmosphère.

 

« On est mal, on est mal… »

Le constat de l’étude est alarmant : les forêts du monde entier relâchent dans l’atmosphère l’équivalent de 425 téragrammes de carbone par an – 425 millions de tonnes. C’est plus que tout le trafic routier américain…  Pour vous donner un ordre d’idée, c’est comme si une énorme cheminée expulsait 71 millions d’éléphants composés uniquement de gaz à effet de serre ! L’explication tient en un seul mot : pollution. Les forêts sont tellement asphyxiées qu’elles commencent à libérer tous les agents polluants qu’elles absorbaient jusque-là. Les résultats sont d’autant plus inquiétants qu’ils résultent de l’étude la plus poussée et la plus détaillée jamais entreprise sur le sujet.

« Cela montre que nous ne pouvons pas rester assis sans rien faire. La forêt ne fait plus ce que nous attendions d’elle »

Alessandro Baccini est sceptique. Rattaché au Centre de Recherche de Woods Hole de l’Université de Boston, il est l’un des principaux auteurs de l’étude : « Comme toujours, les arbres continuent d’absorber le carbone prisonnier de l’atmosphère; mais le volume de la forêt n’est plus assez important pour compenser les pertes. La région n’est plus un évier… » L’équipe de Woods Hole est la première à mesurer l’impact de la dégradation des forêts – à différencier de la déforestation – qui se traduit par une baisse de la qualité de vie plutôt qu’à la réduction de surface. La dégradation découle généralement de feux de forêts, de la sécheresse et de la chasse. Autant de facteurs aggravants qui peuvent réduire jusqu’à 75 % de sa biomasse !

Vu du ciel…

Les satellites ne nous sont plus d’aucune aide dans la lutte pour la préservation des forêts vierges. Du haut de leurs milliers de kilomètres, il leur est aujourd’hui impossible de surveiller ou quantifier les horreurs de la déforestation. Et ce pour une raison très simple : ses ravages sont invisibles. Le massacre végétal qui sévit dans les forêts amazonienne, boréale et congolaise est masqué par l’épaisse canopée – ce dôme végétal uniforme surplombant la forêt – qui laisse penser à l’oeil non exercé que tout va bien. Ce n’est pas le cas.

« Mon enfant pourrait ne jamais voir de forêts. À cette allure, il n’y en aura bientôt plus… »

Afin d’obtenir de plus amples informations sur les conséquences réelles de ces ignominies, les scientifiques ont croisé plus de 12 ans de données satellites avec leurs propres travaux. Et le résultat est sidérant : les émissions de carbone issues des forêts vierges sont en pleine explosion; près de 60% proviennent de la forêt amazonienne, 24% d’Afrique, et 16% d’Asie. Surprise : la libération du carbone est essentiellement due à la dégradation des forêts et non à la déforestation ! Une révélation qui sonne comme une fausse bonne nouvelle : il est désormais possible d’identifier quelles zones sont les plus affectées par la dégradation. Ce sont elles qu’il faut sauver à tout prix.

Un temps pour agir

« Priorité est donnée à la dégradation ; nous savions que c’était un problème mais nous ne savions pas le quantifier ni le localiser » déplore Wayne Walker, un des auteurs de l’étude. « C’est plus facile de résoudre le problème si vous avez encore quelques forêts qui tiennent debout. » La préservation des forêts vierges est la grande priorité de l’équipe, et elle ne deviendra réalité qu’à travers le droit des peuples indigènes à disposer de leurs terres : « Ceux qui vivent dans la forêt peuvent faire la différence. » Mais la situation géographique de la forêt amazonienne ne va pas faciliter leur travail : à cheval sur le Brésil, la Colombie, la Bolivie, le Vénézuela, le Pérou et l’Équateur, l’Amazonie est cernée; convoitée de toutes parts.

En 2017, la déforestation s’est considérablement accrue au Brésil et en Colombie… « Quand je regarde les chiffres et les zones où se produisent ces changements sur la carte… C’est alarmant », confie Baccini. Il reste cependant convaincu que les nombres serviront leur cause : « Nous avons besoin de rester positifs. Nous devons rendre à la forêt tropicale son rôle d’évier naturel. Nous devons restaurer les zones sinistrées ». La technologie en la matière est déjà bien rodée, peu coûteuse et efficace. Le temps des négociations est terminé : place à l’action !

 

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