A une époque où les femmes de la haute société britannique ou autres devaient rester bien sagement chez elles, Florence Nightingale a bousculé les codes de la bonne société victorienne non seulement en choisissant un métier qui la passionnait, mais également en faisant progresser la médecine, domaine alors réservé aux hommes. Le Daily Geek Show revient sur la vie de cette femme extraordinaire dont les travaux pionniers ont laissé un brillant héritage dont nous bénéficions tous dans nos soins médicaux actuels.
Florence Nightingale est née le 12 mai 1820 à Florence où ses parents, William Edward Shore (1794-1875) et Frances Fanny Smith (1789-1880) sont en voyage. Issue de la haute société britannique, Florence Nightingale reçoit une éducation soignée. Elle apprend le français, le latin, le grec, l’allemand, l’italien, l’histoire, la philosophie et les mathématiques.
Son premier contact avec le milieu des soins infirmiers a lieu en janvier 1837 lorsqu’une sévère épidémie de grippe touche les environs de la propriété de ses parents. Alors âgée de 16 ans, elle passe plusieurs semaines à soigner les malades.
Mais voilà, à cette époque, le métier d’infirmière est très dévalorisé, tout comme le milieu hospitalier réservé aux plus démunis dans l’incapacité de payer des soins privés à domicile. Les infirmières sont soit des sœurs soit des femmes laissées pour compte et sans formation. Les hôpitaux sont des mouroirs insalubres, et une dame n’y a pas sa place.
C’est en 1845 que Florence Nightingale annonce pour la première fois à ses parents son intention de devenir infirmière. Elle est alors âgée de 25 ans et ses parents songent plus à la marier à un membre de la noblesse qu’à la laisser faire ce métier jugé ingrat. Ils refusent systématiquement ses demandes répétées sur ce sujet jusqu’en 1852. Entre-temps, lors de chaque voyage qu’elle fait, elle en profite pour visiter des hôpitaux et étudier leurs pratiques.
A partir de 1853, ayant obtenu l’accord de ses parents et son fiancé ayant convolé ailleurs après six ans à attendre la dame, elle commence ses stages en milieu hospitalier. Ses bonnes pratiques sont rapidement remarquées et sa réputation ne cesse de grandir dans le milieu infirmier.
Mais c’est en 1854 que le véritable tournant de sa jeune carrière a lieu, lorsqu’elle persuade les autorités de l’envoyer avec des infirmières volontaires sur le front, lors de la guerre de Crimée (1853-1856) pour venir en aide aux soldats. Une mission de quarante infirmières est autorisée. Sur place, elles assistent aux atrocités de la guerre, mais Florence Nightingale remarque rapidement que les soldats ne décèdent pas de leurs blessures mais des terribles conditions sanitaires.
Elle rédige alors une étude statistique complète, illustrée de diagrammes facilement compréhensibles par tous. En 1855, ses travaux permettent la création du Nightingale Fund (Fonds Nightingale) pour la formation des infirmières. Le succès est immédiat.
A son retour en Grande-Bretagne le 7 août 1857, elle est accueillie en héroïne. Malgré une maladie contractée sur le front, et en réponse à une invitation de la reine Victoria, Florence Nightingale joue un rôle central dans l’établissement de la Commission royale pour la santé dans l’armée. En tant que femme, elle ne peut en être membre, mais elle rédige un rapport de plus de mille pages, incluant des données statistiques détaillées et joue un rôle décisif dans l’application de ses recommandations. Le rapport de la Commission conduit à une révision majeure des soins aux soldats et à l’établissement d’une école de médecins militaires et d’un vaste système d’archives médicales de l’armée. La mortalité des soldats baisse alors drastiquement.
En 1860, elle crée, grâce au Nightingale Fund, la Nightingale Training School qui existe toujours aujourd’hui. La même année, elle publie Notes on Nursing, un petit livre de 136 pages servant de pierre d’angle au programme de la Nightingale School et des autres écoles fondées ensuite. Le livre connaît également le succès auprès du grand public et est considéré comme un texte classique d’introduction aux soins infirmiers.
Ses textes, largement diffusés au niveau international, inspirent de nombreux infirmiers et infirmières militaires et civils.
Jusqu’à la fin de sa vie, elle se consacre à l’étude et la mise en place d’une meilleure gestion sanitaire des hôpitaux. Elle reçoit, entre 1883 et 1908, plusieurs décorations et titres honorifiques. En 1883, Florence Nightingale est décorée de la Royal Red Cross par la reine Victoria. En 1907, elle devient la première femme à être décorée de l’ordre du Mérite. En 1908, on lui décerne l’Honorary Freedom of the City of London.
Elle meurt le 13 août 1910 dans sa maison de South Street, Mayfair, à Londres. Elle est aujourd’hui enterrée au cimetière de la St Margaret Church d’East Wellow, dans le Hampshire.
Sa mémoire est honorée dans de nombreux pays. De nombreux hôpitaux et lieux de santé portent son nom. Ses écrits sont toujours étudiés dans le cursus infirmier. La Croix-Rouge décerne tous les deux ans la médaille Florence-Nightingale aux personnes, femmes ou hommes, se distinguant par leurs actions dans le domaine des soins infirmiers. Plusieurs musées lui sont consacrés et le 12 mai, jour de sa naissance, a été choisi comme Journée internationale des infirmières.
La personnalité forte et le dévouement sans borne au service des patients de Florence Nightingale ont non seulement permis de perpétuer sa mémoire, mais ils ont surtout sauvé la vie de milliers de personnes et fait progresser à grands pas le métier d’infirmier vers une reconnaissance et une professionnalisation. Si le milieu médical lui doit beaucoup, Florence Nightingale est également une figure du féminisme puisque, à une époque où les femmes étaient d’éternelles mineures, elle est parvenue à suivre ses choix, a décidé de ne pas se marier.
C’est ainsi que Florence Nightingale considère comme léthargique le style de vie de sa mère et sa sœur, malgré leur éducation. Le texte reflète aussi sa crainte de voir ses idées s’avérer inefficaces, comme celles de la prophétesse Cassandre. Dans un article, Elaine Showalter qualifie Cassandra de « texte majeur du féminisme anglais, un lien entre Wollstonecraft et Woolf » dans A major text of English feminism, a link between Wollstonecraft and Woolf, des textes réunis par Sandra M. Gilbert et Susan Gubar, The Norton Anthology of Literature by Women : The Traditions in English, éditions W.W. Norton, 1996, pages 836-837. Personnalité importante qui a marqué de son empreinte l’Empire britannique, elle apparaît dans de nombreux films, séries, romans et même mangas.
Les soins médicaux prodigués au XIXe siècle nous semblent maintenant des plus barbares. Pourtant, de grandes avancées ont eu lieu à cette période comme avec Pasteur ou les mannequins anatomiques en papier mâché de Louis Auzoux ou encore les remarquables prothèses conçues par Jake Gillingham. Si le sujet vous intéresse, voici 36 pionnières dans le domaine des sciences.