Lorsqu’il s’agit de fournir de l’eau potable, les technologies de filtration actuelles font un excellent travail, mais la propagation des déchets plastiques dans l’environnement implique de nouvelles menaces. Des chercheurs ont conçu un filtre à sable lent biologiquement actif permettant d’éliminer la quasi-totalité des particules plastiques de l’ordre du nanomètre.
Une menace invisible
Ces dernières années, différents travaux ont montré que les microplastiques (qui mesurent moins de 5 mm) s’accumulaient partout, des océans aux plus hauts reliefs du monde en passant par les organes humains. Notoirement difficiles à repérer en raison de leur taille infime (quelques nanomètres seulement), leurs petits frères ont de leur côté été liés à un retard de la croissance des plantes ainsi qu’à des malformations chez les crevettes et les poissons.
Les scientifiques considèrent également que les particules de plastique mesurant entre 1 nanomètre et 20 micromètres sont respirables, tandis que des expériences réalisées sur des mouches à fruits ont suggéré qu’elles pouvaient modifier l’expression des gènes associés à la réponse au stress et aux dommages oxydatifs.
Si de nombreuses questions subsistent quant aux effets des nanoplastiques sur notre organisme, minimiser le risque d’absorption s’avère crucial. Dans le cadre de travaux publiés dans le Journal of Hazardous Materials, des chercheurs de l’Institut fédéral suisse pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (Eawag) ont étudié différents moyens d’éliminer ces infimes particules de l’eau potable.
Trois approches au banc d’essai
Trois approches ont été testées : la filtration à charbon actif, l’ozonation (où de l’ozone est injecté dans l’eau pour la traiter et la désinfecter) et la filtration à sable lent, impliquant une couche de gravier, du sable et une couche biologiquement active à la surface, composée de vers et de bactéries. Celles-ci forment un biofilm qui effectue la majeure partie de la décontamination.
Des nanoplastiques ont été marqués avec l’élément chimique palladium et ajoutés à de l’eau non traitée en quantités considérables, ce qui a permis de suivre leur parcours lors de ces différents processus à l’aide d’un spectromètre de masse. L’équipe a constaté que la filtration à sable lent s’avérait de loin la plus efficace, éliminant plus de 99,9 % des particules présentes.
Sur la base de ces résultats, l’équipe affirme que cette méthode de filtration serait efficace pour capturer des niveaux élevés de nanoplastiques pendant des périodes prolongées, précisant que les quelques centimètres supérieurs de sable devront occasionnellement être retirés afin d’éviter l’obstruction du biofilm.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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