On a souvent l’impression qu’une suite de film ne peut pas être réussie en soi, et que le principe lui-même est malhonnête. En effet, quand une oeuvre se situant dans la continuité d’un précédent film est créée, c’est parce que le premier opus dont elle est tirée a eu du succès, et que la nouvelle itération cherche seulement à en profiter. Cependant, le procédé peut réellement apporter quelque chose à un univers déjà en place, et donner naissance à une oeuvre à part entière très réussie.
C’est un procédé propre aux industries culturelles : qu’un livre, un film ou un jeu vidéo rencontre le succès et il y a de fortes chances pour qu’une suite lui soit donnée. Dans l’industrie vidéoludique cette pratique consistant à donner suite sur suite est d’ailleurs courante : les développeurs économisent en n’ayant pas à repartir de zéro et peuvent utiliser les acquis techniques et artistiques du précédent jeu.
Toy Story 2, une suite initialement non prévue mais très bienvenue :
https://www.youtube.com/watch?v=Lu0sotERXhI
Enfin et surtout ils peuvent aussi supposer que si la première mouture a trouvé son public, la suivante fera de même en utilisant des points forts analogues. Cependant, les suites ne sont pas toujours appelées à réussir, surtout au cinéma. Pour un Toy Story 3 magique ou un Aliens le retour mémorable, combien de Starship Troopers 2 ou de Visiteurs 2 au mieux passables, au pire infâmes ?
Les Visiteurs 2, une suite qu’on attendait pas forcément… :
Qu’est-ce qui fait la suite ? Comme son nom tendrait à l’indiquer, la suite se situerait dans la continuité chronologique de l’oeuvre dont elle est tirée. Enfin, pour beaucoup, parler de suite au sens propre induit également que les mêmes personnages soient repris, et que ces derniers assurent justement un lien tangible d’un film à l’autre.
Cependant ces délimitations ne sont pas non plus dénuées de lacunes : doit-on parler de suite au sens propre lorsque les films peuvent être vus et appréciés séparément même s’il se suivent chronologiquement et partagent le même personnage comme la saga Indiana Jones ? Peut-on désigner Predator 2 comme une suite du premier opus avec Arnold Schwarzenegger alors que, même si le film se déroule dans le même monde, les personnages ne sont plus du tout les mêmes ?
Indiana Jones et le Temple maudit, suite des Aventuriers de l’Arche perdue dont on peut pourtant profiter sans avoir vu le précédent film :
Quoi qu’il en soit, on peut déjà s’accorder sur le fait qu’il existe deux grands types de suites directes : celles qui étaient déjà prévues comme faisant partie d’un projet narratif comportant directement plusieurs films (la trilogie Star Wars par exemple) ou celles, que l’on regarde avec un oeil beaucoup plus suspicieux quant à leur nécessité, lancées après le succès d’un premier film (comme Alien).
Predator 2, suite de Predator premier du nom et pourtant sans grand lien avec ce dernier :
Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, la réussite tient à un savant mélange qui n’est pas toujours facile à doser. On remarque que, pour réussir à satisfaire le plus grand nombre, il faut qu’une suite réussisse à apporter quelque chose de neuf au regard de l’ambiance ou de la narration par rapport au film précédent, le tout en respectant son univers de base (et bien sûr tant qu’à faire, être intrinsèquement un bon film).
Ce qui peut expliquer pourquoi un film comme Aliens le retour est considéré comme un excellent film indépendamment du mythique Alien dont il est dérivé. Il reprend Ripley jouée par Sigourney Weaver, il reprend la fameuse créature, mais il en fait quelque chose de différent sans totalement détourner le concept : c’est toujours Ripley contre la bête, mais cette fois-ci la créature n’est plus seule, et Ripley a des armes.
Aliens, suite directe d’Alien apportant quelque chose à l’original :
On peut également citer le cas de l’Empire contre-attaque, qui se détourne de l’ambiance de Un nouvel espoir pour apporter une tonalité plus sombre à la saga Star Wars. Enfin on ne peut pas s’empêcher de citer Toy Story 2 et Toy Story 3, qui apportent chacun des intrigues à la fois différentes et similaires aux opus les ayant précédés tout en introduisant de nouveaux personnages. Ces films prouvent de manière éclatante que les suites peuvent être de vifs succès, aussi bien d’un point de vue commercial que critique.
L’Empire contre-attaque, une suite planifiée qui apporte de la variété :
Au final, il faut bien admettre que le principe de la suite n’est pas foncièrement mauvais lorsque l’idée est bien exploitée. On regardera ces films venir avec moins de suspicion et d’appréhension vu sous cet angle. D’ailleurs, il est bien arrivé que certaines de ces oeuvres soient au moins aussi bonnes que l’original. Préférez-vous les films reposant sur des concepts nouveaux ou ceux explorant des univers déjà établis ?
Par Romain Berthommier, le