Le nombre et l’étendue des feux de forêt dans des régions telles que l’Amazonie, la Californie, l’Australie et même la Sibérie sont en augmentation, et la fumée qu’ils produisent constituerait un vecteur de transmission d’agents infectieux à l’Homme, selon ces nouvelles recherches.
Un risque longtemps négligé
Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Science, une équipe de chercheurs américains a constaté que des centaines de bactéries et champignons se transformaient en bioaérosols lors de la combustion de matériaux tels que le bois, la terre ou les résidus organiques et pouvaient ensuite voyager dans les panaches de fumée des feux de forêt. Selon les chercheurs, il s’agit de l’une des premières études à se pencher sur le risque que ces agents infectieux représentent pour la santé humaine.
« Si les conséquences pulmonaires et cardiovasculaires de l’exposition à la fumée sont bien connues, le potentiel de la fumée des incendies de forêt en tant que source d’infection a été longtemps négligé », soulignent notamment les auteurs de l’étude. Et il se trouve que les zones ravagées par les flammes ne sont pas les seules concernées. En fonction de la taille des incendies, les agents infectieux peuvent également être attirés dans les colonnes de convection depuis l’extérieur de la zone de combustion.
Même dans le cas d’incendies de forte intensité, les scientifiques ont découvert des bactéries en abondance à 300 mètres au-dessus des flammes, dont plus de 60 % se sont avérées viables. Selon l’équipe, les particules sur lesquelles celles-ci se déplaceraient les protégeraient des rayons ultraviolets mortels. « Nous avons trouvé un certain nombre de microbes connus pour provoquer des maladies respiratoires, notamment de l’asthme », explique le Dr Kobziar, co-auteur de l’étude.
Précédemment, il avait également été montré que les coccidioïdomycoses, champignons se propageant dans l’air lorsque les sols sont perturbés et à l’origine de la fièvre de la vallée du Rift, une infection potentiellement grave, pouvaient être transportés par les feux de forêt.
Des agents infectieux capables de parcourir des centaines de kilomètres
« Une fois sous forme d’aérosols, les microbes, spores ou conidies fongiques de diamètre aérodynamique [inférieures à 5 micromètres] peuvent parcourir des centaines de kilomètres selon le comportement du feu et les conditions atmosphériques, avant de se déposer ou d’être inhalés », poursuivent les chercheurs. « Les émissions de fumée des feux de forêt de haute intensité voyagent à travers les continents, augmentant les concentrations de particules dans des endroits éloignés, et ce phénomène va s’aggraver avec l’allongement des saisons de feux de forêt dans le monde et leur intensification. »
L’impact du changement climatique sur les feux de forêt devrait entraîner une augmentation totale des émissions de gaz à effet de serre de 19 à 101 % rien qu’en Californie jusqu’en 2100. C’est pourquoi, selon les auteurs de l’étude, il est essentiel que les scientifiques et les organismes de santé publique élargissent leurs perspectives pour inclure le risque sanitaire potentiel que représentent les agents infectieux voyageant dans les fumées sur les populations humaines.
1 690 mégatonnes de carbone rejetées en 2020
Selon des études distinctes, les feux de forêt dans l’ouest des États-Unis et dans l’Arctique ont atteint une « intensité sans précédent » en 2020. Cette année, les points chauds ont été la Sibérie, le Colorado, la Californie, l’Australie et certaines parties des Caraïbes et de la région du Pantanal dans le sud du Brésil. La surveillance par satellite du programme Copernicus a révélé qu’environ 1 690 mégatonnes de carbone avaient été rejetées dans l’atmosphère à la suite d’incendies entre le 1er janvier et le 7 décembre, et il s’est également avéré que les panaches de fumées des incendies en Amérique du Nord avaient atteint certaines parties de l’Europe.
Un chiffre toutefois inférieur à celui de 2019, où 1 870 mégatonnes de carbone avaient été libérées dans l’atmosphère par les incendies. Ce qui s’expliquerait en partie par un nombre très réduit de feux de forêt en Afrique cette année.
Par Yann Contegat, le
Source: The Independent
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