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Méconnue mais dangereuse : la pollution de l’air intérieur tue 4 millions de personnes chaque année

La pollution intérieure de l’air tue chaque année entre 3,5 millions et 4,3 millions de personnes à travers le monde. Cette véritable crise sanitaire est pourtant passée sous silence et beaucoup de personnes ne se doutent même pas de son existence. Nous levons le voile sur ce phénomène qui est l’un des plus meurtriers au monde. 

LA POLLUTION INTÉRIEURE DE L’AIR TUE ENTRE 3,5 MILLIONS ET 4,3 MILLIONS DE PERSONNES CHAQUE ANNÉE

Chaque année, la pollution intérieure de l’air tue entre 3,5 millions et 4,3 millions de personnes à travers le monde. Un chiffre alarmant, d’autant plus quand on réalise qu’il faut le distinguer des décès causés par la pollution « extérieure » et qui tue quant à elle 3 millions de personnes par an. A noter également que la pollution intérieure de l’air tue beaucoup plus de personnes que le SIDA et le paludisme combinés : ensemble, ces maladies sont responsables d’environ 2,2 millions de morts à travers le monde chaque année. Pourtant, ce phénomène n’est considéré que par très peu de pays comme étant une crise sanitaire majeure, et ce, notamment, parce qu’il ne concerne pas les pays riches.

Il faut dire qu’à travers le monde, 3 millions de personnes (la plupart vivant en Afrique et en Asie) n’ont pas accès aux énergies modernes et continuent de cuisiner et de chauffer leur maison en brûlant du charbon, du fumier, du charbon de bois et du bois en intérieur. Bien souvent, ces mêmes maisons ne disposent pas de système d’aération et se retrouvent ainsi plongées dans un nuage de fumée qui peut provoquer toute une flopée de maladies respiratoires graves, incluant le cancer du poumon ainsi que des maladies cardiovasculaires chroniques.

DANS LE MONDE, 3 MILLIONS DE PERSONNES N’ONT PAS ACCÈS AUX ÉNERGIES MODERNES

En Chine par exemple, 10 millions de ménages continuent de brûler du charbon directement à l’intérieur de leurs maisons pour cuisiner et pour se chauffer. En Inde et en Afrique, c’est le bois et le charbon de bois qui sont plus communément utilisés. Et dans d’autres pays, comme au Kenya ou en Ethiopie par exemple où le bois se fait rare, ce sont les excréments d’animaux qui sont le plus souvent utilisés. Tous ces carburants mènent à différents problèmes de santé qui sont tous aussi dangereux les uns que les autres.

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Daniel J. Rao / Shutterstock.com

L’éclairage est également une grande source de pollution intérieure de l’air, et particulièrement à cause de l’usage de lampes à pétrole. Notons néanmoins que l’éclairage à LED devient de plus en plus commun et à mesure qu’il se démocratise à travers les pays « pauvres », cet aspect du problème se réduit quelque peu, même s’il reste encore, à l’heure actuelle, très préoccupant.

Enfin, la plupart des maisons (qui sont généralement construites avec de la boue ou du chaume) ne disposent pas de systèmes de ventilation convenables. De plus, dans les pays où les conditions climatiques s’avèrent « extrêmes », ils ne sont d’ailleurs pas utilisés lorsqu’ils ont le mérite d’exister, afin d’économiser de l’énergie. En résultent ainsi des quantités extrêmement toxiques d’air pollué, d’autant plus quand de nombreuses personnes en Afrique ont pour habitude d’apporter une simple cuisinière dans la pièce où elles dorment afin de maintenir le lieu à bonne température durant la nuit.

En théorie, ce phénomène devrait être facile à « réparer » : il suffirait d’offrir à toutes ces personnes l’accès à des carburants et à des cuisinières plus propres… Mais dans la pratique, ce n’est pas aussi simple. Comme le dévoile un rapport sur la pollution du United Nations Environnement Programme (UNEP), même les pays les plus engagés dans la promotion des combustibles plus propres (comme le propane ou le butane) ont bien souvent dû lutter pour convaincre leurs habitants de changer leurs habitudes. Il en va de même pour l’utilisation de systèmes de chauffage et de poêles avec de meilleures ventilations.

POUR DE NOMBREUSES PERSONNES, BRÛLER DU BOIS EST MOINS ONÉREUX QUE D’AUTRES MÉTHODES

Dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud notamment, les gouvernements ont tenté d’élargir l’accès aux carburants plus propres mais la pollution intérieure de l’air est restée obstinément élevée. En cause, le fait que de nombreuses personnes continuaient de brûler du bois chez elles, parce que cette option s’avérait être moins onéreuse et, selon elles, plus « fiable », comme le rapporte l’UNEP.

Une « expérience » datant de 2012, menée en Inde, illustre d’ailleurs parfaitement la réticence de certaines personnes à s’engager dans de nouveaux systèmes et de nouveaux carburants moins polluants… Plusieurs ménages, sélectionnés au hasard, ont reçu des cuisinières avec des cheminées qui reconduisaient la fumée en dehors de leur maison. Après un an d’usage, le taux d’inhalation de fumée avait quelque peu diminué. Pourtant, quatre ans après, aucune différence notable n’a pu être relevée. Pourquoi ? Eh bien, parce que ces mêmes ménages avaient tout simplement arrêté d’utiliser ces cuisinières puisque ces dernières requéraient trop de réparations et que les cheminées nécessitaient un entretien constant.

Une jeune asiatique préparant à manger
Une jeune asiatique préparant à manger via Shutterstock

Néanmoins, quelques bonnes nouvelles confirment que tout espoir n’est pas encore perdu. Toujours selon le rapport de l’UNEP, 97 pays sur 193 ont augmenté leur proportion de ménages ayant accès à des systèmes de cuisine et de chauffage plus propres entre 2008 et 2013. Le Costa Rica par exemple, a subventionné du gaz de pétrole liquéfié à de nombreuses familles. Le Chili, quant à lui, a lancé un programme permettant aux personnes d’échanger leurs anciennes cuisinières pour des modèles plus propres. Il ne reste plus qu’à espérer que les 96 pays restants suivent la même voie…

Un enfant porte un masque à gaz
Un enfant porte un masque à gaz via Shutterstock

Trop peu connue du grand public, la pollution intérieure de l’air est un véritable problème sanitaire d’ordre mondial qui nécessite que l’on s’attarde dessus afin de trouver des solutions le plus rapidement possible… Ce sont des millions de vies qui sont en jeu ! D’ailleurs, la pollution « extérieure » est elle aussi extrêmement mortelle puisqu’elle tue chaque année plus de 3 millions de personnes à travers le monde.

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