La dépression est un fléau qui touche de plus en plus de jeunes adultes. Cependant, une étude vient de démontrer que l’une des causes pourrait être l’alimentation. Elle démontre également que changer ses habitudes alimentaires peut avoir un impact considérable sur la santé mentale des patients.

Une relation intime entre mauvaise alimentation et mauvaise santé mentale

Pour la première fois, une étude a démontré qu’une alimentation équilibrée contribuait à réduire la dépression chez de jeunes adultes. Jusqu’alors, des liens avaient été avérés entre la dépression et une mauvaise alimentation, notamment dans cette étude de 2012. Dans une méta-étude d’avril 2019, le constat de la consultation des résultats de 16 études confirmait les bénéfices d’un régime alimentaire équilibré sur des symptômes dépressifs. 

Cette analyse de 2017, rapportée par le Harvard Health Blog, explique précisément : « Un régime alimentaire caractérisé par une grande consommation de fruits, de légumes, de céréales entières, de poisson, d’huile d’olive, de produits laitiers à faible matière grasse, d’antioxydants et de petites doses de nourriture animale était visiblement associé à un risque réduit de dépression. Un régime caractérisé par une grande consommation de viande rouge ou préparée, de céréales raffinées, de confiseries, de produits laitiers à matière grasse importante, de beurre, de pommes de terres et de sauces grasses, ainsi qu’une consommation réduite de fruits et de légumes est associé à un risque augmenté de dépression. » Pourtant, les études s’étaient concentrées sur les problèmes mentaux en général, et seule une étude avait pris en compte les symptômes aggravés de dépression, dont les résultats montraient qu’un bon régime pouvait réduire des niveaux cliniques de dépression.

Une nouvelle étude sur la dépression chez les jeunes adultes

La dépression est une préoccupation majeure : selon un rapport de l’Académie de médecine, le risque de tentative de suicide est multiplié par 21 en cas de dépression, et 70 % des personnes qui se sont suicidées ont antérieurement traversé un épisode dépressif. Une étude de 2014 sur les enfants et adolescents associait une mauvaise alimentation à une mauvaise santé mentale. Cependant, jamais la dépression des jeunes adultes n’avait été au centre des recherches. 

Cette nouvelle étude, conduite par l’université Macquarie de Sydney et publiée le 9 octobre dernier sur PlosOne, a donc étudié précisément les risques sur une frange âgée de 17 à 35 ans. 101 jeunes adultes ont été divisés en deux groupes, où l’un suivait un régime alimentaire équilibré, déterminé par les médecins, et l’autre pouvait consommer à sa guise. À la fin de l’étude, les résultats prenaient en compte les données de 38 personnes pour chaque groupe.

Le régime consistait en une consommation accrue de légumes (5 par jour), 2-3 fruits par jour, 3 apports de céréales complètes par jour, des protéines (viandes maigres, de la volaille, des oeufs, du tofu et des légumes, trois fois par jour), trois produits laitiers non sucrés par jour, trois apports de poisson hebdomadaires, trois cuillerées de noix et graines quotidiennes, deux d’huile d’olive quotidiennement, et des épices (curcuma et cannelle, une cuillerée la plupart des jours). Ils devaient aussi réduire les carbohydrates, le sucre, le gras, des viandes transformées et des boissons sucrées. 

Après seulement trois semaines, le groupe Régime a rapporté des symptômes dépressifs bien inférieurs à l’autre groupe sur deux échelles cliniques, le CESD-R et le DASS-21. Vingt-et-un jours ont suffi pour que les scores moyens sur l’échelle DASS-21, qui à l’origine avoisinent 7 en cas de dépression, soient réduits à une fourchette entre 4 et 5 pour ceux qui ont suivi le régime. Ceux qui n’ont pas observé de régime se sont maintenus aux environs de 7. Les résultats réduits, selon le DASS-21, se maintenaient 3 mois après. 

— Motortion Films / Shutterstock.com

Une application médicale facile ? 

« Ces résultats sont les premiers à prouver que les jeunes adultes avec des symptômes dépressifs élevés peuvent s’engager dans une intervention diététique et s’y tenir, et que cela peut réduire les symptômes de dépression. Les résultats justifient des futures recherches sur la tenue de ces résultats bénéfiques dans le temps, les impacts d’une diversification de l’alimentation équilibrée, et ses fondements biologiques », concluent les auteurs.

S’il n’est pas question de remplacer les thérapies traditionnelles, ce changement de régime pourrait fournir une assistance non négligeable, tandis que l’étude rapporte que 80 % des Australiens ne tiennent pas compte des recommandations en termes de diététique. Cette étude veut aller plus loin que la simple recherche d’un résultat clinique, en avançant la simplicité de la démarche : une simple vidéo explicative de 13 minutes, quelques fiches à remplir et un léger suivi téléphonique. Ce qui permet les espoirs dans la réponse à un problème de santé publique majeur. « Le fait que cette intervention au coût relativement bas puisse mener une population de jeunes adultes à adhérer à des recommandations diététiques est très prometteur. »

L’étude y voit de vraies opportunités futures, et appelle les prochaines études à se concentrer sur les effets à très long terme : « Il y a beaucoup à gagner, non seulement en termes d’améliorations de l’humeur mais aussi dans les fruits d’une meilleure santé physique. Nous espérons que ces découvertes produiront l’impulsion pour de futures recherches examinant si les régimes recommandés peuvent être tenus pour de plus longues durées au sein de cette population, et si les effets sur les symptômes dépressifs peuvent être maintenus. »

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