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V. amazonica — Vanessa Volk / Shutterstock.com

Un examen génétique approfondi a permis de déterminer que des nénuphars géants, originaires de Bolivie et conservés dans les collections du plus célèbre ensemble de jardins botaniques de Londres, appartenaient à une espèce à part entière.

V. boliviana

Lors de la découverte de majestueux nénuphars aux feuilles gigantesques au XIXe siècle, les botanistes européens pensaient que ces plantes sud-américaines constituaient une seule et même espèce. Mais ils s’étaient assez rapidement rendu compte que le genre Victoria, faisant référence à la reine britannique de l’époque, en comprenait en réalité deux : V. amazonica et V. cruziana.

Le récent réexamen de différents spécimens de ces plantes à floraison nocturne a conduit à l’identification d’une troisième espèce de nénuphar géant. Décrite dans la revue Frontiers in Plant Science, V. boliviana pousse notamment dans les jardins de la Rinconada en Bolivie, et détient un record mondial en matière de taille, avec des feuilles mesurant jusqu’à 3,2 mètres de large et des fleurs plus grosses qu’une tête humaine.

Les botanistes des Jardins botaniques royaux de Kew et de l’Herbier national de Bolivie possèdent également des spécimens vivants de cette plante depuis respectivement 177 et 34 ans. Mais en raison de leur forme, leur teinte et de l’aspect de leurs fleurs et de leurs graines, ceux-ci avaient longtemps estimé qu’il s’agissait de représentants de V. amazonica ou de V. cruziana.

https://twitter.com/kewgardens/status/1544999687719161858
Timelapse montrant la croissance de spécimens de V. boliviana sur une période de 3 semaines

Des analyses génétiques révélatrices

Comme vous pouvez l’imaginer, récupérer, conserver et étudier des plantes aussi imposantes s’avère compliqué. Toutefois, les chercheurs britanniques ont réussi à se procurer des échantillons d’ADN provenant de spécimens d’herbiers et de collections vivantes du monde entier, et ont également utilisé des données publiées sur l’activité génomique et génique de V. cruziana.

La mise en évidence d’insertions et des délétions uniques d’ADN (mutations respectivement caractérisées par le gain et la perte de matériel génétique sur un chromosome) dans les chloroplastes de V. boliviana a permis d’établir qu’il s’agissait d’une espèce distincte.

Notamment utilisée pour fabriquer une teinture noire pour les cheveux, V. amazonica est appelée « auapé-yaponna » par les populations autochtones, tandis que les termes « yrupé », « yacare yrupé » ou « naanók lapotó » sont utilisés pour désigner V. cruziana, dont les graines remplacent parfois le maïs dans les plats locaux. Les auteurs de l’étude ignorent si celles-ci considéraient déjà V. boliviana comme une espèce distincte.

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