Une étude récente révèle comment des fragments de verre volcanique trouvés en Antarctique pourraient résoudre un mystère qui a intrigué les scientifiques pendant des décennies. Ces fragments fournissent des indices cruciaux sur la date de l’une des plus grandes éruptions volcaniques des 5 000 dernières années, celle du volcan Taupo en Nouvelle-Zélande. L’importance de cette découverte transcende les frontières et soulève des questions sur la puissance et l’étendue géographique des impacts volcaniques.
Le puzzle de la datation du volcan Taupo
L’éruption du volcan Taupo, situé en Nouvelle-Zélande, a longtemps été une énigme pour les géologues et les volcanologues. La date précise de cette catastrophe naturelle a été l’objet de controverses persistantes dans la communauté scientifique. Tandis que la datation au radiocarbone d’arbres détruits par l’éruption pointait vers l’année 232 après J.-C., certains experts remettaient en cause cette conclusion. Ils estimaient que l’éruption pourrait avoir eu lieu jusqu’à deux siècles plus tard, invoquant de possibles contaminations des échantillons.
Une récente étude publiée dans la revue Scientific Reports a apporté des éléments susceptibles de trancher ce débat. Des chercheurs ont prélevé des carottes de glace en Antarctique occidental et ont découvert sept fragments de verre volcanique à une profondeur de 279 mètres.
Stephen Piva, candidat au doctorat à l’école de géographie, de sciences de l’environnement et de la Terre de l’université Victoria de Wellington, en Nouvelle-Zélande et auteur principal de l’étude, souligne que ces fragments « soutiennent fortement une date d’éruption à la fin de l’été ou au début de l’automne de l’année 232 après J.-C. ».
L’empreinte chimique : un double témoignage
L’analyse chimique des fragments a permis une avancée significative dans la compréhension de cette éruption historique. Six des sept fragments étaient directement liés à l’éruption du Taupo, tandis qu’un septième était attribué à une éruption plus ancienne du même volcan, celle d’Ōruanui, survenue il y a environ 25 500 ans.
Les chercheurs ont également constaté que ces fragments se trouvaient à des profondeurs similaires dans les carottes de glace. Cela suggère que des débris de l’éruption d’Ōruanui étaient restés enfouis à proximité du volcan pendant des millénaires, avant d’être projetés dans l’air lors de l’éruption du Taupo. Cette découverte fournit une « double empreinte digitale unique », selon les termes de l’étude, confirmant ainsi que les fragments proviennent bien de l’éruption du Taupo.
La portée géographique et la puissance dévastatrice
L’un des aspects les plus surprenants de cette étude est la distance colossale sur laquelle les fragments de l’éruption ont été retrouvés. Ils ont été transportés par des vents puissants jusqu’à l’Antarctique occidental, à environ 5 000 kilomètres de leur point d’origine. Cette dispersion étonnante témoigne de la puissance phénoménale de l’éruption, qui aurait duré entre quelques jours et quelques semaines.
L’explosion a été si intense qu’elle a ravagé une zone de 20 000 kilomètres carrés. Cette découverte soulève de nouvelles questions. Les chercheurs se demandent pourquoi il a été si difficile de détecter des preuves aussi significatives de cette éruption massive dans des carottes de glace prélevées en Antarctique. Les traces auraient dû être plus faciles à trouver, étant donné la magnitude de l’événement.
La découverte de fragments de verre volcanique en Antarctique représente un tournant dans la compréhension de l’éruption du volcan Taupo. Elle offre des réponses à des questions de longue date sur la datation de cette éruption et souligne également l’impact considérable que de tels événements peuvent avoir sur un rayon géographique beaucoup plus vaste que prévu.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
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