éponge mucus
Image d’illustration — John A. Anderson / Shutterstock.com

Bien qu’elles soient dépourvues de système nerveux et de muscles, de récentes observations on montré que les éponges pouvaient se contracter lentement afin d’expulser le sable et les débris des orifices par lesquels elles se nourrissent. Et il se trouve que ce « mucus » constituerait une importante source de nourriture pour d’autres organismes marins.

Éternuements sous-marins

Pouvant durer jusqu’à 50 minutes, les éternuements des éponges impliquent des contractions qui vont propulser les matériaux et substances indésirables sous la forme de longs filaments de mucus collants. Selon une nouvelle étude parue dans la revue Current Biology, de tels rejets réguliers de « biomasse fraîche » pourraient expliquer pourquoi de nombreux poissons et crustacés vivent à proximité ou sur ces organismes marins fascinants.

Les éponges aspirent l’eau et les nutriments dissous (comme les sucres) et divers débris par de petits orifices appelés ostioles. Jusqu’à présent, on pensait que ces derniers étaient piégés par leur système de filtration interne et expulsés via des ouvertures plus grandes, connues sous le nom d’oscules. Lors d’une plongée dans la mer des Caraïbes, Niklas Kornder de l’université d’Amsterdam a été surpris de constater la présence de mucus au niveau des ostioles de représentantes de l’espèce Aplysina archeri, qui avait mystérieusement disparu une heure plus tard.

Afin d’en savoir plus, le scientifique et ses collègues ont collecté plusieurs spécimens d’A. archeri au large de l’île caribéenne de Curaҫao et les ont filmés sur une période de 24 heures dans leur laboratoire. Une autre représentante de l’espèce ainsi qu’un spécimen de Chelonaplysilla ont également été observés dans le milieu naturel.

Le visionnage des différentes vidéos a confirmé que cette substance chargée de particules émanait des ostioles des créatures sous-marines sous forme de petites bulles, s’agglomérant pour former de longs filaments probablement constitués de collagène finalement libérés dans l’eau à une vitesse moyenne de 2 millionièmes de mètre par seconde lorsque l’éponge se contractait.

Des amas majoritairement constitués de sédiments

Les analyses réalisées ont montré que les sédiments piégés représentaient 81 % de la masse de ces amas de mucus, ce qui suggère que les éternuements contribuent probablement à éviter que leur système de filtration interne ne se bouche. Il s’est également avéré que le mucus contenait 45 % de carbone et d’azote de plus que les autres types de déchets naturels présents dans les eaux environnantes.

D’après Kornder, l’observation de petits crustacés en train de le consommer indique que les 19 % restants constituent potentiellement une importante source de nourriture pour d’autres organismes marins.

« Cette ressource pourrait contribuer à l’étonnante diversité que nous observons sur ces très beaux récifs aux écosystèmes très complexes », estime le chercheur. « Bien que les éponges manquent à la fois de cellules musculaires et de cellules nerveuses, elles possèdent des versions primitives de ces structures ainsi qu’un système de signalisation chimique leur permettant de se contracter. »

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