Aller au contenu principal

Les populations doivent-elles subir des décisions prises sans leur consentement ?

Sommes-nous toujours en démocratie ?

― Blue Planet Studio / Shutterstock.com

Malgré l’opposition massive de la population, la préfecture de la Dordogne a décidé de valider les autorisations de défrichement en forêt de la Double afin d’implanter cinq éoliennes de 182 mètres de haut. Y a-t-il une perte de considération de l’avis de la population ? Une décision qui a notamment attiré la colère de l’association Asso3D qui parle même d’un rejet de la démocratie.

L’avis de la population est-il toujours pris en considération ?

L’opinion publique est devenue une question centrale avec l’avènement de la démocratie. Mais l’avis de la population est-il toujours vraiment pris en compte ? Les enquêtes publiques qui sont censées rapporter l’avis de la population quand un projet ayant des impacts importants sur l’environnement et le voisinage est envisagé suscitent de nombreuses critiques. En effet, l’opinion de la population donnée via les enquêtes publiques ne semble pas avoir d’impact sur les décisions prises par les communes.

Un projet validé en France malgré l’opposition de la population

Prenez un grand projet d’aménagement. Ici, il s’agira du projet des Grands Clos de cinq éoliennes sur les communes de Saint-Aulaye-Puymangou et Parcoul-Chenaud, dans la forêt de la Double. Comme tous les projets « devant comporter une évaluation environnementale », celui-ci a fait l’objet d’une enquête publique, qui s’est déroulée du 5 janvier au 7 février 2021. Le 15 avril, la préfecture de Dordogne a publié les résultats de cette enquête. Ils sont sans appel. Sur les 700 participants, il n’y a eu que 3 avis favorables au projet. Cela représente donc 99,6 % d’avis défavorables au projet.

En cause, une atteinte importante à la faune et la flore, la hauteur des éoliennes risque de porter atteinte à l’environnement par son impact visuel. Ce projet aura également un impact négatif sur la qualité de vie des riverains ainsi que des retombées négatives pour les valeurs immobilières et la fréquentation touristique. Le 20 avril, le préfet de Dordogne a tout de même décidé de signer les autorisations de défrichement pour ce projet malgré l’opposition massive de la population et des élus et malgré tous les problèmes que ce projet risque de causer. Dans son communiqué, l’association Asso3D, qui suit cette affaire de près, parle même de déni de démocratie. 

Forêt de la Double ― © Père Igor / Wikimedia Commons

Sommes-nous toujours en démocratie ?

A l’heure où la population française accepte de moins en moins de ne pas être écoutée et où le gouvernement semble de moins en moins favorable à prendre en compte l’avis de la population, les outils de démocratie participative apparaissent comme étant vitaux. Cette affaire illustre à la perfection un mal plus profond : un lourd danger plane sur l’avenir des enquêtes publiques. Elles constituent pourtant un dispositif essentiel au service de la démocratie et représentent le meilleur moyen de faire remonter aux preneurs de décisions le véritable ressenti de la population. En effet, ne pas prendre en compte leur avis ne ferait qu’augmenter leur colère et incompréhension. Il est donc paradoxal de constater cette incohérence de l’État à vouloir mener des enquêtes publiques mais qui, au final, ne prend pas en compte l’avis de la population.

De plus, c’est le droit de l’environnement et la démocratie participative locale qui sont en péril. En effet, la décision du préfet de Dordogne porte atteinte à la participation effective du public aux décisions environnementales. Cette affaire révèle bien que la participation effective du public et la protection efficace de l’environnement sont aujourd’hui plus que jamais affaiblies en France alors qu’il n’a jamais été aussi important d’agir pour l’environnement. Une véritable atteinte à la démocratie.

Alors selon vous, sommes-nous toujours en démocratie ? Pensez-vous que les enquêtes publiques sont toujours prises en considération par ceux qui les mènent ?

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • La « Démocratie » est un mode de fonctionnement complexe qui s’appuie sur deux notions essentielles regroupées sous deux vocables usuels. Le premier est très connu sinon courru, il s’agit de « MES DROITS », le second, souvent méconnu quoique de même importance concerne « MES OBLIGATIONS ». La conjonction des deux permet « LE VIVRE ENSEMBLE ». Au nombre des dits « DROITS » il se trouve la liberté d’expression qui autorise chacun de donnerson avis, comme en la présente circonstance. S’agisssant des « OBLIGATIONS » il y a celles de collaborer aux efforts de la communauté et le respect des décsions prisent régulièrement par cette dernière à la majorité de ses membres. Il en va ainsi que l’on soit un couple, une famille, une commune, une région, un état ou une communauté encore plus large. A défaut, l’éventail est large de la dispute à la guerre totale. Le terme « COMMUNAUTE » est ambigu puisqu’il concerne à la fois les groupes de deux personnes comme celles de milliards d’entre elles. Outre cet aspect, ces mêmes « COMMUNAUTES » s’interpénètrent et se chevauchent, leurs décisions pouvant s’entrechoquer. Ces décisions doivent être appliquées selon un schéma réglemenatire propre à chaque « COMMUNAUTdoit aussi prendre en compte

  • Si ce n’était que pour quelques éoliennes… Il me semble me rappeler que notre cher gouvernement avait lancé une consultation sur le pass sanitaire et que le peuple avait en majorité dit non. Or que s’est-il passé hier vers les 1h du mat ? Mais ce n’est que le dernier exemple en date…

    • La décision pour l’implantation des éoliennes a été prise par la préfète, nommée par le gouvernement, lequel s’immisce jusqu’à nos régions parfait exemple du totalitarisme en marge : on tient de moins en moins compte de nos souhaits. Dans ce cas là population avait été consultée et non entendue.

  • Droits ET Devoirs ! …..on oublie trop souvent le 2ème !
    On ne peut pas tout refuser et qd même vouloir disposer de tout son confort et ses facilités.
    Ici par ex, si on ne veut pas de NUC car à l’évidence de Tchernobyl, Fukushima et Long-Miles-Island, le NUC draine des risques et des déchets de très longue durée de vie, mais on veut qd même tout ce qui a besoin d’électricité propre et peu chère, par ex, il faut se résoudre et choisir !
    Certes, il faut RESPECTER, distances minimales aux habitations, PLACER là où RESSOURCES de vents mais AUSSI là où nuisances visuelles minimes, INTEGRER selon étude paysagère et biodiversité, mais FOURNIR des MWh en LOCAL pour éviter de transporter le jus sur de longues distances avec les déperditions ohmiques associées….
    Trouver des COMPROMIS quoi, ne pas rejeter en bloc selon NIMBY !
    Salutations
    Guydegif(91)

    • Mais si en définitive la consultation populaire ne compte pas et que pour de bonnes ou mauvaises raisons le préfet passe outre, à quoi servent les enquêtes publiques ? Une mascarade de démocratie ? Il vient de se produire exactement la même chose pour une retenue d’eau collinaire à La Clusaz qui va détruire et artficialiser quelques hectares dans une site remarquable pour la faune et la flore. Enquête publique largement contre cet aménagement, suivi d’une décision du préfet qui l’autorise…semblant de démocratie.