La timidité est un trait de caractère plutôt commun chez les enfants, mais certains en souffrent plus que d’autres. Elle est généralement définie par un manque d’assurance dans les rapports avec le monde extérieur. En psychologie, on parle d’inhibition comportementale des enfants. Et cette attitude ne serait pas sans conséquences, elle serait liée aux problèmes d’anxiété apparaissant à l’âge adulte. Voici comment aider les enfants qui en souffrent. 

La timidité, le caractère introverti d’un enfant, sont fréquemment observés mais peu souvent pris en charge. En effet, il est compliqué de voir si ce caractère n’est que temporaire ou s’il nuit vraiment à l’enfant dans sa vie sociale quotidienne, sa vie à l’école, etc. Il semble difficile d’établir un équilibre entre surprotéger et ignorer, et savoir ce qui lui permettrait de se sentir mieux dans sa peau.

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PARFOIS, IL EST DIFFICILE D’ÉTABLIR UN ÉQUILIBRE ENTRE LA SURPROTECTION ET L’IGNORANCE

Les psychologues définissent la timidité comme une tendance à reculer face aux rencontres sociales, et à se sentir gêné et tendu face à ces dernières. Ils parlent d’inhibition comportementale pour définir un concept qui englobe la timidité à la rencontre d’autres personnes et dans de nouvelles situations.

La timidité fait partie des traits de caractère des enfants et les psychologues déclarent ce trait plutôt tenace. Dans le Journal américain du développement de l’enfant, une étude parue en 1988 a comparé les enfants de 4 ans et ceux de 7 ans et demi. Elle montre que les enfants timides à 4 ans le sont toujours à 7 ans et demi, tandis que les enfants extravertis le restent avec l’âge.

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Une autre étude menée la même année a montré que la timidité avait des conséquences sociales, le tempérament pouvant affecter le cours de la vie suivant les choix et les opportunités que les personnes rencontraient. Chez des personnes nées à la fin des années 20, il a été montré que les hommes ayant été timides pendant l’enfance avaient moins de chances de se marier, d’avoir des enfants et d’avoir un métier stable. Les femmes timides, d’un autre côté, avaient plus de chances de se marier, d’avoir des enfants et d’être femme au foyer. Que ce soit pour les hommes ou les femmes, ce modèle est représentatif de la société, les résultats seraient différents aujourd’hui parce que les rôles genrés auraient changé.

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IL NE FAUT PAS ESSAYER DE CHANGER LEUR NATURE

Plus inquiétant, ce sont les études qui lient l’inhibition comportementale enfantine à l’anxiété à l’âge adulte. Une étude publiée en 2012 dans le Journal américain de l’Académie de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent a montré que les enfants avec des inhibitions comportementales extrêmes avaient 7 fois plus de chances de développer un trouble de l’anxiété social à l’avenir. Or, 15 % des enfants montrent un tel comportement et la moitié d’entre eux risquent de développer ce trouble. Il a aussi été prouvé dans une étude de 2014 que les enfants qui pouvaient développer des troubles d’anxiété à l’âge adulte étaient ceux qui n’avaient pas de lien stable avec leurs parents.

En général, dans notre société, le fait d’être extraverti, de parler fort et de savoir exprimer verbalement des idées est très estimé, déclare Soo Hyun Rhee, psychologue à l’université du Colorado, qui étudie les liens entre le tempérament de l’enfant et les problèmes mentaux qui peuvent apparaître à l’âge adulte.

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Les psychologues et les spécialistes du développement de l’enfant conseillent de sortir les enfants de leur zone de confort, tout en essayant de ne pas changer leur nature. La psychologue américaine de l’université de New York, Sandee McClowry, déclare que l’acceptation de l’enfant, tel qu’il est, est très importante. Pour les enfants extrêmement timides, il est recommandé de demander l’aide d’un professionnel. Un thérapeute peut aider les enfants ou les adultes à trouver des stratégies pour contrôler leur anxiété et choisir des activités qui conviennent à leur tempérament.

IL EST IMPÉRATIF D’ACCEPTER UN ENFANT TEL QU’IL EST

Il faut faire attention à ne pas surprotéger son enfant, selon Sandee McClowry. Le but est de maintenir un certain équilibre. Il faut progressivement laisser l’enfant être indépendant. Faire un processus du genre : avant d’aller en colonie de vacances, amener des amis à dormir à la maison ou aller dormir chez quelqu’un de la famille. Quand l’enfant est plus grand, il est alors possible de parler avec lui de ce qu’il a ressenti, de ce qui l’aide, etc.

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McClowry et ses collègues ont établi un programme scolaire pour parler du problème de la timidité à l’école. La première étape est d’aider les parents et les professeurs à reconnaître la timidité, car quand les enfants sont calmes, il est facile de ne rien remarquer. Le programme encourage aussi à voir la timidité non comme un problème mais comme le maquillage d’une personne. Comme la timidité a été reconnue comme un handicap pour le travail scolaire, on observe que les enfants timides ont des notes qui faiblissent au fur et à mesure des années. Or, grâce à ce programme dont les « timides » ont le plus bénéficié, les capacités académiques des enfants ont augmenté.

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