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De nouveaux squelettes d’enfants exhumés dans le plus grand site sacrificiel au Pérou

Les enfants enterrés étaient probablement une offrande destinée à revitaliser les champs

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Image d’illustration — ymgerman / Shutterstock.com

Au nord-ouest du Pérou, une découverte archéologique récente révèle un chapitre fascinant et troublant de l’histoire des Chimús, une grande civilisation précolombienne. Les fouilles menées à Pampa la Cruz, près de Trujillo, ont mis au jour un tumulus vieux de 700 ans contenant les restes de 76 enfants et de deux adultes sacrifiés, tous marqués par une ouverture thoracique, probablement destinée à extraire leur cœur. Cette pratique rituelle, associée aux besoins agricoles des Chimús, éclaire le rôle complexe des sacrifices humains dans cette société prospère entre les XIIe et XVe siècles.

Une découverte unique dans le contexte chimú

Les vestiges trouvés à Pampa la Cruz s’inscrivent dans une série de sites sacrificiels attribués aux Chimús. Connus pour leurs talents en art et en ingénierie, les Chimús précédaient les Incas et dominaient une vaste région côtière. Les enfants retrouvés dans le tumulus, enterrés nus avec leurs vêtements placés à côté, portaient des traces claires d’incisions thoraciques allant de la clavicule au sternum. Les chercheurs pensent que ces ouvertures ont été pratiquées pour accéder au cœur, une hypothèse renforcée par des études similaires réalisées sur des découvertes en 2022 dans la région.

Dans ce tumulus de 60 mètres sur 20, des objets précieux ont également été découverts, notamment des carrés d’argent et de cuivre qui auraient pu être cousus dans les vêtements des enfants, des ornements d’oreille et des coquilles de spondyles. 

Gabriel Prieto, professeur adjoint d’anthropologie à l’université de Floride et responsable des fouilles à Pampa la Cruz, a déclaré que les coquilles de spondyles étaient « plus précieuses que l’or pour ce peuple ». Ces coquillages, particulièrement prisés par les Chimús, n’étaient accessibles qu’au nord, dans le territoire de Lambayeque, une autre civilisation andine réputée pour sa maîtrise de la métallurgie.

L’origine des victimes

L’analyse des restes humains révèle des indices sur l’origine des victimes. Un examen plus approfondi des victimes découvertes au même endroit en 2022 a permis aux chercheurs de conclure que toutes les victimes avaient subi des altérations crâniennes, qui consistent à allonger le crâne souple d’un enfant à l’aide de planches ou de bandages de tête. Selon Prieto, cette pratique était commune chez les Chimús mais avec des modifications moins radicales. Compte tenu de la gravité des altérations crâniennes, il est possible que les victimes soient d’origine lambayeque.

Les coquilles et les altérations crâniennes ont incité les chercheurs à approfondir leurs recherches sur l’origine des victimes. Les isotopes présents dans les ossements ont permis de confirmer cette hypothèse. Les restes des jeunes contenaient des isotopes trouvés dans leur nourriture, ce qui a fourni des indices sur l’origine des victimes des sacrifices. Les chercheurs ont découvert que certaines des victimes étaient originaires d’une vaste zone comprenant le territoire de Lambayeque.

Un rituel au service de l’agriculture

Les Chimús, connus pour leur ingéniosité, utilisaient des sacrifices humains pour renforcer leurs pratiques agricoles. Gabriel Prieto suggère que les enfants sacrifiés avaient été capturés avec leurs familles pour travailler sur des projets d’irrigation. Ces infrastructures étaient essentielles pour cultiver des terres peu fertiles autour de Pampa la Cruz. 

Une fois les travaux terminés, les sacrifices semblaient destinés à « dynamiser » ces terres, selon les croyances andines où les morts deviennent des ancêtres, garants de la fertilité et de la légitimité foncière. Le fait que ces enfants n’appartenaient probablement pas à l’élite chimú aurait renforcé la symbolique de leur offrande. 

John Verano, anthropologue participant aux recherches, souligne que ces sacrifices étaient probablement orchestrés par le gouvernement central des Chimús, et non par de simples communautés locales. Les recherches en cours à Pampa la Cruz et à Chan Chan, la capitale chimú, pourraient apporter des éclairages supplémentaires sur ces pratiques. Selon Prieto, ces découvertes ne se limitent pas à l’étude des sacrifices rituels, mais ouvrent des perspectives sur la gouvernance, l’expansion territoriale et les interactions culturelles des Chimús. Par ailleurs, des analyses ADN révèlent de nouveaux secrets des sacrifices mayas.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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