
Ce devait être une conférence de résultats classique, posée, rassurante. Puis ce fut un étrange monologue. Alors que Tesla annonce un bénéfice divisé par deux et un chiffre d’affaires en recul.
Elon Musk, lui, préfère parler d’intelligence artificielle, de taxis autonomes et de son robot humanoïde Optimus. Ce décalage, de plus en plus criant, interroge les analystes comme les investisseurs. Tesla est-elle encore un constructeur automobile ou une start-up de science-fiction ?
Tesla affiche des résultats en chute libre mais préfère détourner l’attention
Mardi 22 juillet, Tesla tenait sa conférence trimestrielle avec les investisseurs. Elle annonçait alors des chiffres en forte baisse : 22,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, soit une chute de 12 % sur un an, et un bénéfice net divisé par deux. Résultat immédiat : l’action perd 8 % en Bourse.
Pourtant, ce qui frappe surtout, c’est le silence sur ces mauvais résultats. L’entreprise n’analyse pas les ventes stagnantes, ne justifie pas l’effondrement des marges et garde un mutisme presque total concernant les livraisons en Europe. La fabrication et la vente de voitures semblent passées au second plan, bien qu’elles constituent toujours le cœur du chiffre d’affaires.
Musk parle de robotaxis et d’IA mais évite les sujets qui fâchent
Plutôt que de décrypter les performances, Elon Musk préfère s’étendre sur ses projets technologiques. Il évoque notamment le test des robotaxis à Austin, le futur rôle stratégique de l’intelligence artificielle, ainsi qu’Optimus, son robot humanoïde censé transformer nos vies – un jour.
Il reconnaît vaguement que « nous sommes dans une phase étrange de transition », sans apporter de précisions sur la direction à venir. En parallèle, il élude soigneusement les sujets brûlants : disparition des aides fiscales, faibles livraisons, ou encore désintérêt du marché européen.
Pour certains analystes, ce choix n’a rien d’anodin. Ross Gerber, investisseur historique, parle même de « stratégie de diversion ». L’expression revient souvent. Plutôt que de rassurer les marchés, Tesla préfère entretenir le rêve et miser sur l’évasion.
Tesla rêve d’avenir technologique mais néglige son rôle de constructeur
Ce discours suscite une interrogation cruciale : Tesla croit-elle encore à son rôle de constructeur automobile ? Certes, les lignes de production fonctionnent. Des véhicules sont livrés. Cependant, le message de Musk ne met plus ces activités en avant. Désormais, l’enthousiasme semble réservé aux projets futuristes, dont les usages réels restent incertains.
Ce glissement stratégique comporte des risques. En valorisant la technologie spéculative au détriment de la performance industrielle, Tesla pourrait perdre sa position de leader. Des concurrents comme BYD ou Hyundai misent sur des produits concrets, des prix compétitifs et une communication pragmatique.
L’heure est venue pour Musk de clarifier la vision de Tesla
La conférence de juillet 2025 n’a pas seulement déçu. Elle a révélé un fossé croissant entre la vision futuriste de Musk et les attentes des marchés. Les actionnaires, eux, réclament des réponses tangibles, une stratégie lisible, un plan solide pour redresser la barre.
Aujourd’hui, Tesla est à la croisée des chemins. Elle peut continuer de séduire par ses promesses audacieuses. Mais il faudra aussi renouer avec l’exécution industrielle, reconstruire la confiance, reprendre contact avec la réalité. Elon Musk semble avoir fait son choix. Reste à savoir si les investisseurs continueront à le suivre.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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