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Elle entre dans l’histoire en fauteuil roulant, mais ce vol spatial soulève une énorme controverse écologique

Une prouesse technologique et humaine vient de se produire : Michaela Benthaus, paraplégique, a volé dans l’espace avec Blue Origin. Mais cette première mondiale ravive aussi une polémique bien terrestre sur l’impact environnemental du tourisme spatial.

Femme en fauteuil roulant observant la capsule spatiale Blue Origin sur une aire de lancement, juste avant un vol suborbital.
Sur le pas de tir, une femme en fauteuil roulant fait face à la capsule de Blue Origin avant le lancement, symbole d’inclusion mais aussi de la controverse écologique liée au tourisme spatial – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Michaela Benthaus, une pionnière de l’inclusion qui bouscule les frontières de l’espace et du handicap

Imaginez : l’espace, ce rêve lointain, devient soudain accessible à celles et ceux qu’on oublie trop souvent. Michaela Benthaus, ingénieure aérospatiale allemande, a été propulsée à plus de 100 kilomètres d’altitude à bord d’une capsule de Blue Origin, devenant ainsi la première personne en fauteuil roulant à aller dans l’espace. Ce vol ne dure que quelques minutes, mais l’émotion, elle, est palpable : « Si on veut une société inclusive, alors elle doit l’être partout. Même dans les étoiles. »

Son message est fort, presque politique. Et c’est justement ce qui frappe : cette mission n’a pas seulement permis à une femme paraplégique de défier la gravité. Elle a fait voler en éclats les limites physiques imposées par nos sociétés. Le symbole est immense. L’espace ne doit plus être un terrain de jeu réservé aux valides et aux ultra-riches.

Blue Origin soigne son image grâce à des figures inspirantes soigneusement choisies

Mais restons lucides. Blue Origin, l’entreprise de Jeff Bezos, n’en est pas à son premier coup médiatique. Il y a eu William Shatner, le capitaine Kirk de Star Trek, puis Katy Perry, et maintenant Michaela. Tous des figures choisies pour faire vibrer l’opinion publique et entretenir le mythe d’un espace pour tous.

L’objectif ? Garder la lumière sur une activité coûteuse, exclusive, mais aussi hautement concurrentielle. Dans l’arène du tourisme spatial, chaque lancement est un message marketing : regardez ce que nous sommes capables de faire, et vous, rêvez un peu plus fort.

Et ça marche. Le monde entier parle de Michaela. Mais combien savent que ce vol n’a duré qu’une dizaine de minutes, dans un espace suborbital ? Ce n’est pas la Lune, ce n’est même pas une station. C’est un aller-retour éclair, calibré pour impressionner.

Une inclusion symbolique mais inaccessible pour la majorité des personnes en situation de handicap

La question dérange, mais elle mérite d’être posée : l’espace devient-il vraiment plus accessible, ou seulement plus spectaculaire ? Les places dans ces capsules coûtent une fortune. Les entreprises refusent d’en dévoiler le prix, mais on sait qu’il s’agit de plusieurs centaines de milliers de dollars.

Alors oui, Michaela a volé. Mais combien de personnes handicapées pourront en faire autant ? Cette inclusion est-elle sincère, ou opportuniste ? Pour l’instant, l’espace reste un club privé, et cette ouverture est symbolique, pas systémique.

Quand les rêves d’inclusivité s’envolent avec des tonnes de CO2 dans l’atmosphère

Et puis il y a le ciel, le vrai. Celui qui souffre en silence. Chaque vol de fusée libère des tonnes de CO2 et de particules polluantes dans la haute atmosphère. Blue Origin, SpaceX, Virgin Galactic : tous ces acteurs vendent du rêve mais émettent du carbone.

Dans un monde en crise climatique, où l’on nous parle de sobriété, le tourisme spatial interroge profondément. Faut-il vraiment faire décoller des fusées pour quelques minutes de microgravité ? Est-ce que cette expérience justifie un tel coût écologique ? Même si l’intention est belle, même si le symbole est puissant, peut-on applaudir sans réserve une prouesse qui alourdit le réchauffement climatique ?

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

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