Au cours de sa carrière, Elizebeth Friedman s’est illustrée en décodant des dizaines de milliers de messages cryptés. Des réalisations qui se sont avérées essentielles durant la Prohibition et la Seconde Guerre mondiale. Retour sur la vie de cette femme hors du commun.

UN DESTIN HORS DU COMMUN

Elizebeth Friedman n’imaginait pas une seconde que son amour inconditionnel pour Hamlet et Macbeth l’amènerait à combattre le crime organisé et à contrecarrer les plans des espions nazis, mais c’est pourtant exactement ce qui s’est produit.

Originaire d’Huntington dans l’Indiana, Elizebeth Friedman est issue d’une famille modeste. À sa sortie de l’université en 1915, elle obtient un poste à la Newberry Research Library de Chicago grâce à ses solides connaissances des œuvres de William Shakespeare.

La Newberry Research Library de Chicago vers 1920

FABYAN PARTAGE LE MÊME INTÉRÊT POUR SHAKESPEARE

Connaissant son amour inconditionnel pour les œuvres de l’auteur britannique, l’un des employés de la Newberry Research Library téléphone à George Fabyan, un riche homme d’affaires qui partage le même intérêt pour les pièces de Shakespeare.

Cet appel va changer à jamais la vie d’Elizebeth Friedman.

Fabyan est persuadé que les pièces de Shakespeare renferment des messages secrets prouvant que Francis Bacon en est le véritable auteur. Une obsession dévorante qui l’a poussé à créer son propre laboratoire de cryptologie et à recruter une certaine Elizabeth Wells Gallup, chargée de percer leurs secrets.

Lorsque Fabyan apprend qu’Elizebeth Friedman partage le même intérêt pour le travail du dramaturge britannique, il est persuadé qu’elle et Gallup formeront le binôme parfait, et décide de l’embaucher pour travailler dans son laboratoire.

Malgré des connaissances mathématiques limitées à son arrivée, Friedman ne tarde pas à développer d’impressionnantes compétences en matière de cryptanalyse au contact d’Elizabeth Wells Gallup.

FRIEDMAN NE TARDE PAS À DÉVELOPPER D’IMPRESSIONNANTES COMPÉTENCES EN MATIÈRE DE CRYPTANALYSE

En 1921, le Département du Trésor des États-Unis la recrute afin qu’elle aide les garde-côtes américains à lutter contre la contrebande d’alcool qui gangrène le pays.

Durant la Prohibition, les fûts d’alcool de contrebande sont saisis et vidés

LES TRAFIQUANTS EMPLOIENT DES MESSAGES CODÉS

Décrétée deux ans plus tôt, la Prohibition a en effet poussé les gangsters et les trafiquants d’alcool de contrebande à employer des messages radio codés afin d’empêcher les garde-côtes de se renseigner sur leurs opérations.

Bien que les techniques de chiffrement évoluent sans cesse, Friedman va décoder des milliers de messages entre 1926 et 1930. Des années avant l’invention du premier ordinateur, il s’agit évidemment d’une performance hors du commun.

Malgré les risques, elle n’hésite pas à témoigner contre les gangsters et les contrebandiers qu’elle a permis d’arrêter. Trois d’entre eux se révèlent même être les lieutenants du terrible Al Capone, célèbre baron du crime qui règne alors sur la ville de Chicago.

Les soldats allemands utilisent la machine Enigma pour crypter leurs messages

Le gouvernement américain fait de nouveau appel à ses services durant la Seconde Guerre mondiale afin de contrecarrer les plans du IIIe Reich.

Les nazis ont envoyé des espions en Amérique du Sud afin qu’ils recueillent des informations au sujet du matériel militaire employé par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et provoquent des coups d’État.

Alors qu’Alan Turing utilise des algorithmes et des « bombes électromécaniques », pour « casser » le code d’Enigma, Elizebeth et son équipe se concentrent plus spécifiquement sur les machines utilisées par les espions allemands pour crypter leurs rapports.

Leurs efforts conduisent au démantèlement de tous les réseaux d’espionnage nazis présents sur le continent sud-américain.

Malheureusement, la contribution de Friedman à la réussite de cette opération d’envergure sera longtemps gardée secrète.

LA CONTRIBUTION DE FRIEDMAN SERA LONGTEMPS GARDÉE SECRÈTE

Suite au démantèlement des cellules d’espionnage nazies en 1944, J. Edgar Hoover, alors directeur du FBI, lance une campagne de communication promouvant l’idée que son organisation est la seule responsable de cette importante victoire.

Elizebeth Friedman et son mari

Les documents faisant état des services de Friedman resteront longtemps classés secret défense, et cette dernière n’aura donc aucun moyen de remettre en cause les affirmations de Hoover. Aujourd’hui encore, les réalisations essentielles de cette femme hors du commun restent largement méconnues.

Pour aller plus loin, découvrez aussi l’incroyable vie de Ian Fleming, l’espion britannique qui a créé James Bond.

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