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Pourquoi les gens incompétents se surestiment-ils ? C’est à cause de l’effet Dunning-Kruger

Comment évaluer sa propre compétence lorsqu'on est soi-même incompétent ?

Il existe dans notre société une grande diversité de comportements étranges et quelque peu dérangeants qu’on a du mal à supporter. Si pour une personne lambda, ces comportements sont juste agaçants, pour les spécialistes en sciences humaines ce sont de fabuleux sujets d’étude. Parmi ces comportements existent des personnes qui font semblant de tout savoir mais qui n’y connaissent finalement rien. Ce comportement a même un nom : l’effet Dunning-Kruger.

Une illustration de l’effet Dunning-Kruger et du syndrome de l’imposteur © Wikimedia / Nevit Dilmen

Les psychologues ont étudié ce comportement et ont proposé une explication quelque peu surprenante, connue sous le nom d’effet Dunning-Kruger : lorsque les gens ne connaissent pas grand-chose d’un sujet, ils ignorent souvent les limites de leurs connaissances et pensent qu’ils en savent plus que ce qu’ils savent réellement.


ÊTRE VICTIME DE L’EFFET DUNNING-KRUGER NE SIGNIFIE NULLEMENT ÊTRE STUPIDE.

L’effet Dunning-Kruger est un type de biais cognitif dans lequel les gens croient qu’ils sont plus intelligents et plus capables qu’ils ne le sont réellement. Essentiellement, cela fonctionne de manière à ce que les personnes à faible capacité ne possèdent pas les compétences nécessaires pour reconnaître leur propre incompétence. La combinaison d’une faible conscience de soi et d’une faible capacité cognitive les conduit alors à surestimer leurs propres capacités.

En termes simples, l’effet Dunning-Kruger existe parce qu’il existe des gens qui sont trop ignorants pour savoir à quel point ils sont ignorants. L’inverse existe également : les personnes exceptionnellement compétentes ont tendance à sous-estimer leurs capacités par rapport aux autres ; et c’est ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur ou syndrome de l’autodidacte.

Une courbe qui illustre l’effet Dunning-Kruger © Wikimedia / Shloren

L’histoire des recherches sur l’effet Dunning-Kruger

Le terme a été créé en 1999 par les psychologues David Dunning et Justin Kruger. Leur étude, « Unskilled and Unaware of It : How Difficulties in Recognizing One’s Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments » est entrée dans les détails de l’effet Dunning-Kruger, en se basant sur des recherches antérieures et l’analyse d’autres psychologues et philosophes dont Socrate. En effet, l’idée que l’arrogance masque l’incompétence existe depuis très longtemps, mais Dunning et Kruger souhaitaient l’étudier plus en détail.

C’est le cas d’un certain McArthur Wheeler qui les a inspirés. Le sujet d’étude était un braqueur de banque. Normalement, quand on projette de cambrioler une banque, la plupart des voleurs prévoiraient de se couvrir le visage. Wheeler, lui, avait une tout autre conception de la discrétion nécessaire à un cambriolage et a eu une idée des plus saugrenues. Au lieu de mettre un masque ou une cagoule, il a mis du jus de citron sur son visage.


SI L’EFFET DUNNING-KRUGER EST JUSTE AGAÇANT DANS LA PLUPART DES CAS, IL PEUT ÊTRE TRÈS DANGEREUX QUAND LE PHÉNOMÈNE TOUCHE DES PERSONNES COMME DES CHIRURGIENS OU DES DÉMINEURS.

Selon lui, comme le jus de citron est en fait une encre invisible, cela rendrait également son visage invisible. De cette manière, il pensait pouvoir cacher les traits de son visage au lieu de s’encombrer d’un masque ou d’une cagoule gênante. Bien évidemment, sa technique n’a pas fonctionné et il a rapidement été interpellé par la police, son visage ayant été clairement vu par les vidéos de surveillance de la banque.

Pour tester leur théorie, les chercheurs ont interrogé des personnes sur plusieurs sujets tels que la grammaire, le raisonnement logique et l’humour. Après chaque test, ils ont demandé aux participants comment ils évaluaient leur compétence en la matière. Plus précisément, ils ont demandé aux participants combien d’autres joueurs de quiz les auraient battus. Ils ont constaté que, peu importe le sujet, les personnes qui ont mal passé les tests ont attribué une compétence bien supérieure à leurs compétences réelles. Cela a ainsi confirmé leur théorie.

L’explication psychologique de l’effet Dunning-Kruger

Dans une interview pour Forbes, David Dunning a expliqué que « les connaissances et l’intelligence nécessaires pour réussir dans une tâche sont souvent les mêmes qualités nécessaires pour reconnaître que l’on n’est pas bon pour cette tâche ». En d’autres termes, si quelqu’un en sait très peu sur un sujet particulier, il peut même ne pas en savoir assez sur le sujet pour se rendre compte que ses connaissances sont limitées. Dunning et Kruger suggèrent ainsi que ce phénomène découle de ce qu’ils appellent « dual burden » (double fardeau).

L’effet Dunning-Kruger est également lié à des difficultés de métacognition ou à la capacité de prendre du recul et de regarder son propre comportement et ses capacités comme un observateur extérieur. Les gens ne sont généralement capables de s’auto-évaluer que de leur propre point de vue limité et très subjectif. Ainsi, de leur propre perspective limitée, ils semblent hautement qualifiés, compétents et supérieurs aux autres. Pour cette raison, les gens ont parfois du mal à avoir une vision plus réaliste de leurs propres capacités.

Le président américain Donald Trump © Wikimedia / Gage Skidmore

Donald Trump et l’effet Dunning-Kruger

L’une des illustrations les plus célèbres de l’effet Dunning-Kruger est, selon de nombreux spécialistes, le président américain Donald Trump. D’ailleurs, il a pu être observé qu’il y a une augmentation d’études sur le sujet depuis 2015, année de campagne présidentielle de Trump. Selon les experts en la matière, l’effet Dunning-Kruger explique certainement la stupéfaction du président à chaque fois qu’il reçoit des réactions négatives à ses comportements parfois incongrus.

Par ailleurs, une étude publiée dans la revue Political Psychology réalisée par le politologue Ian Anson de l’université du Maryland a révélé que l’effet Dunning-Kruger s’appliquait non seulement aux politiciens, mais qu’il serait également exacerbé chez certaines identités partisanes. En d’autres termes, ceux qui n’ont que peu de connaissances politiques tendent à surestimer leurs compétences encore plus lorsque l’on met davantage l’accent sur l’affiliation politique.

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  • Article redondant, beaucoup de répétitions vraiment inutiles qui l’allongent artificiellement. Sur un sujet comme celui-ci, ce n’est pas bien malin.

  • Encore un truc sur les biais cognitifs. Pour moi ces biais ne sont que des noms donnés par des scientistes/zététiques pour qualifier le fonctionnement normal de l’esprit humain et s’ils sont mentionnés sans arrêt c’est simplement pour minimiser/dénigrer ce qui autrefois s’appelait la liberté de penser que l’on caractérise comme déviante ou borderline aujourd’hui.

    Rien de mieux pour imposer des idées totalitaristes de psychopathes, ce qui serait en fait l’idéal absolu en fait hein, un ordinateur sur pattes, sans aucun biais mais sans « âme » ni morale non plus.

    • L’intelligence vous fait peur ? essayez la connerie (C’est pas de moi, c’est d’un certain Albert Einstein) – avoir conscience que notre cerveau est faillible et savoir comment essayer d’améliorer un peu notre capacité de raisonnement, c’est ça qui nous protègera des idées totalitaristes de psychopathes qui on une trop haute idée des capacités de leur esprit…

    • Vous avez lu l’article ou vous avez simplement écrit un commentaire pour nous prouvez votre stupidité ?
      Non parce que en fait votre commentaire est tout simplement hors sujet… Par contre son sujet traite exactement de ce genre d’attitude d’expert que vous avez adopté… Ironique non ?