Une nouvelle étude vient de démontrer que les déchets en plastique, en particulier les sacs, étouffent littéralement la vie sous-marine. Biodégradables ou non, ces détritus finissent régulièrement dans les océans et viennent se poser sur les coraux. Ce phénomène est un véritable fléau pour tout l’écosystème marin, puisqu’il réduit considérablement le nombre d’organismes. Découvrez quelles sont les véritables conséquences de l’action des hommes sur les êtres vivants fragiles qui habitent les eaux du monde.

Une récente étude collaborative menée par le Dr Dannielle Green, un chercheur de l’IRC, financé dans le Groupe de recherche en biogéochimie au Trinity College de Dublin, a été publiée dans la revue Environmental Science and Technology. Le docteur, qui est le principal auteur du papier, y décrit des effets écologiques inquiétants de l’utilisation de sacs plastiques. C’est un constat accablant qu’ont fait les chercheurs : ces déchets plastiques étouffent la surface des sédiments côtiers en seulement 9 semaines. Et il ne s’agit pas d’une simple image. En effet, une fois que les sacs s’y déposent, ils empêchent l’oxygène, la lumière et les éléments nutritifs d’arriver jusqu’aux « microalgues » qui suffoquent sous les sacs.

Ces algues servent pourtant de nourriture à de nombreuses petites espèces, qui sont alors privées de source de nutriments essentiels à la survie. C’est alors l’ensemble de la chaîne alimentaire qui est fragilisée : les minuscules algues ne peuvent plus se développer sous les sacs, et leur population diminue, les vers et les bivalves qui s’en nourrissent sont à leur tour privés de nutriments, leur population diminue, et les poissons qui se nourrissent de ces derniers sont à leur tour en déficit d’éléments nutritifs… L’ensemble de l’écosystème est en danger. 

Des animaux atteints au cours de cette étude étaient déjà connus pour leur résistance face à d’autres types de pollution. Mais les plus sensibles, vivant par exemple dans les récifs coralliens, semblent plus touchés par les déchets plastiques, ils étouffent littéralement. D’après le professeur Richard Thompson, de l’École des sciences et du génie maritime à l’université de Plymouth : grâce à des études qui ont duré plus de 20 ans, « il est bien connu que les déchets plastiques peuvent être nocifs pour les organismes individuels, mais cette nouvelle étude révèle [quelque chose de bien plus inquiétant] ». Il ne faut compter que quelques semaines (neuf pour être exact) pour que ces sacs plastiques affectent de véritables communautés d’organismes : troublant « les services et la nourriture » qu’ils procurent aux autres.

Malgré l’état préoccupant des océans et de notre mauvaise gestion des déchets plastiques, leur production ne cesse d’augmenter. Ainsi, de 1,5 million de tonnes en 1950, nous sommes passés à une production de près de 300 millions de tonnes en 2013. Un véritable fléau qui n’est pourtant pas inévitable. Par exemple, près de 40 % de la production est dédiée aux emballages plastiques à usage unique.

De ce montant, les emballages à usage unique représentent près de 40 % et une partie non négligeable pourrait se retrouver dans le milieu marin comme la litière, transportée par des flux d’eaux usées, les voies navigables, le vent ou les marées. Encore plus troublant : les déchets plastiques représentent aujourd’hui près de 80 % de tous les détritus trouvés dans les habitats marins.

On pourrait se croire à l’abri d’une pollution encombrante pour les organismes marins, car aujourd’hui la plupart des déchets plastiques se disent biodégradables. Pourtant, « les mêmes effets ont été enregistrés, que le plastique soit biodégradable ou non. Alors que les plastiques biodégradables sont produits parce qu’ils sont censés être meilleurs pour l’environnement pour leur dégradation bien plus rapide, notre étude suggère que la vitesse à laquelle ils se décomposent peut ne pas être assez rapide [pour faire la différence face] aux sacs classiques dans les habitats marins », explique Dannielle Green.

L’auteur de l’étude ajoute que « même si les plastiques se dégradent et semblent « disparaître », ils persistent à exister dans les océans sous forme de micro-plastiques et pourraient nuire aux organismes marins qui les ingèrent. [Il y a ] une véritable nécessité de se concentrer sur la réduction [de nos déchets] et sur la réutilisation du plastique, plutôt que de concevoir des matériaux avec une dégradation accrue. Celle-ci pourrait conduire à une élimination inappropriée et à leur accumulation dans les milieux marins, compromettant aussi le système de recyclage.

 

Cette étude fait froid dans le dos. A la rédaction, on espère que l’on trouvera un moyen de réduire les productions de plastiques qui ne sont finalement pas justifiées et ont des conséquences graves sur la vie sous-marine. En attendant, nous pouvons tous, à notre échelle, faire un effort pour la planète, et éviter d’acheter des produits avec des emballages inutiles, ou se servir de sacs en tissu réutilisables. Et vous, avez-vous des conseils pour éviter de produire des déchets plastiques ?

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