Entre nous et le lit, c’est une grande histoire d’amour. Mais elle n’est pas toujours fusionnelle, selon notre qualité de sommeil et nos habitudes. Des chercheurs ont mené une étude à partir d’un large panel de personnes et sont parvenus à une conclusion : bien dormir le week-end peut nous éviter une mort prématurée.
Le sommeil du week-end réparateur
Nous passons en moyenne un tiers de notre vie à dormir, que l’on soit un petit ou un gros dormeur. C’est assez énorme mais cependant, nous ne sommes pas égaux au niveau du sommeil. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la question en menant une étude auprès de 38 015 personnes et ils sont parvenus à une conclusion : bien dormir le week-end peut aider à régler des problèmes de santé et réduit les risques d’une mort prématurée. De fait, les personnes qui ne dorment pas assez durant la semaine ont tendance à avoir des ennuis de santé. L’étude révèle ainsi que les personnes interrogées (jeunes ou adultes) dormant moins de cinq heures par nuit ont plus de risque de mourir prématurément. En revanche, pour ceux qui comblent ce manque de sommeil en dormant bien le week-end, la différence avec les bons dormeurs disparaît.
Bien entendu, cette étude est loin de pouvoir prouver que ces heures de sommeil supplémentaires permettent de contrer nos ennuis de santé mais cela reste une piste intéressante, d’après Torbjorn Akerstedt (chercheur de l’Université de Stockholm en Suède). « L’hypothèse ici est que le sommeil du week-end est un sommeil de rattrapage », assure-t-il. Mais cela reste une hypothèse en chantier. Par rapport aux nombreuses études existantes sur le sommeil et la santé, les chercheurs ont voulu ici se concentrer sur la différence entre le sommeil durant la semaine et celui du week-end. Les 38 015 personnes participant à l’étude ont donc donné aux chercheurs leurs heures de sommeil la semaine entière. Durant l’analyse, ces derniers ont distingué simplement « jours de la semaine » et « jours de week-end ».
Les « petits » dormeurs plus touchés par la mortalité
Pour mener à bien cette étude, l’équipe de chercheurs a aussi pris en compte des facteurs tels que le sexe, les caractéristiques physiques, l’activité physique, la consommation d’alcool et de cigarettes. Dans le panel étudié, les personnes dormant moins de cinq heures par nuit et âgés de moins de 65 ans ont un taux de mortalité 65 % plus élevé que ceux qui dorment six à sept heures par nuit. Les chiffres sont basés sur des registres de décès sur les 13 dernières années et il est important de rajouter que le comportement pendant le sommeil n’a été étudié qu’au début de l’étude. Comme évoqué précédemment, ceux qui dorment peu la semaine mais qui se rattrapent le week-end n’ont pas un taux de mortalité plus élevé. Cette différence dans les taux disparaît également chez les seniors (65 ans et plus) de l’étude. Cela s’explique par le fait qu’ils savent ce dont ils ont besoin. Dans cette catégorie, il n’y a aucun lien entre temps de sommeil et mortalité.
Les chercheurs ont découvert un autre fait intéressant : les personnes dormant plus de neuf heures par nuit ont aussi un taux de mortalité plus élevé que le groupe de base. Les chercheurs expliquent cela par le fait que passer plus de temps au lit cache généralement d’autres ennuis de santé… Au final, avec un panel assez conséquent et une différence notable dans les risques de mortalité prématurée, cette étude se révèle pertinente.
Des résultats à prendre avec « des pincettes »
Il est important de noter que l’étude ne prend pas en compte les changements dans notre sommeil pendant une longue durée et qu’elle n’est pas forcément représentative de toute la population. Par exemple, peu de personnes interrogées n’étaient fumeurs (cela pouvant s’expliquer par le fait que tout le panel était réuni lors d’un gala de charité contre le cancer). D’autres spécialistes sur la question reconnaissent l’intérêt de cette étude mais que d’autres recherches doivent être faites avant de vraiment savoir si le sommeil pendant le week-end peut contrebalancer le manque de sommeil hebdomadaire.
D’autres scientifiques se révèlent sceptiques quant à ces résultats. Pour Michael Grandner, de l’Université de l’Arizona (non présent dans l’équipe de recherche), il ne faut pas se reposer sur le sommeil du week-end pour rattraper le manque de sommeil général. Selon lui, cela reviendrait à manger de la salade après avoir consommé plusieurs hamburgers : c’est sain, mais cela n’inverse pas tous les effets négatifs. Comme souvent, le meilleur conseil est de découvrir quelle quantité de sommeil nous convient et de s’y tenir (les experts recommandent sept à neuf heures par nuit). Pour ceux qui ont un déficit de sommeil, l’étude montre que dormir un peu plus lors des jours de repos peut équilibrer un peu les choses.
On serait tenté de dire que le sommeil est généralement réparateur et surtout nécessaire à l’homme. Le manque de sommeil répété est source de problèmes de santé et peut nous fragiliser. L’important finalement est de connaître ses besoins et d’être régulier dans son sommeil.
Par Thomas Le Moing, le
Source: Science alert
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