En l’espace de quelques années, les astronomes ont assisté à la disparition des longues bandes nuageuses qui parsemaient le ciel de Neptune. Selon de nouvelles recherches, ce phénomène serait étroitement lié au cycle solaire.
Une Neptune plus sombre que jamais
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Icarus, Erandi Chavez, de l’université de Californie à Berkeley, et ses collègues ont étudié l’évolution de la couverture nuageuse de Neptune de 1994 à 2022. L’examen des images d’archives provenant de deux observatoires astronomiques terrestres et du télescope spatial Hubble a révélé que cette dernière fluctuait régulièrement, avec des conditions particulièrement nuageuses en 2002 et 2015, et particulièrement claires en 2007 et 2020.
C’est en 2020 que cette couverture a atteint son niveau le plus faible, avec une Neptune plus sombre que jamais, sans aucun nuage blanc pour refléter la lumière du Soleil. « Les images les plus récentes, prises en juin dernier, montrent qu’elle n’a pas retrouvé son niveau antérieur », souligne Chavez. « La précédente période de faible activité nuageuse de Neptune était loin d’être aussi spectaculaire et prolongée. »
Les changements se sont également produits à une vitesse inattendue, en particulier au cours de l’année 2019, où les chercheurs ont vu l’activité nuageuse chuter en l’espace de quelques mois.
Ce schéma semble correspondre grosso modo au cycle d’activité solaire de 11 ans, avec toutefois un décalage de deux ans entre les extrêmes du Soleil et ceux de Neptune. Il semble que lorsque notre astre connait un pic d’activité, davantage de nuages commencent à se former sur Neptune et se dissipent lorsqu’elle diminue.
Des réactions photochimiques déclenchées par le rayonnement solaire potentiellement en cause
D’après l’équipe, la formation des nuages neptuniens, composés d’hydrogène, d’hélium et de méthane, résulterait des lentes réactions chimiques (expliquant le délai de deux ans évoqué plus haut) intervenant lorsque la lumière du Soleil atteint le sommet de l’atmosphère de la planète.
Une corrélation surprenante pour un monde aussi éloigné, ne recevant qu’1 % de la lumière qui atteint la Terre. De là, le Soleil ressemble davantage à une étoile particulièrement brillante dans le ciel nocturne qu’à la sphère aveuglante que nous voyons depuis la Terre.
Les auteurs de l’étude prévoient de continuer à surveiller étroitement la huitième planète du Système solaire, afin notamment de déterminer si ses tempêtes, prenant naissance dans les profondeurs de son atmosphère, jouent également un rôle dans ce processus.