Des scientifiques ont récemment décrit un petit dinosaure doté d’attributs jamais observés chez aucun dinosaure auparavant. Selon eux, ces ornements atypiques jouaient le même rôle que les fameuses plumes colorées des paons.
Un bien étrange fossile
De la taille d’un poulet, Ubirajara jubatus était doté d’une crinière de fourrure courant le long de son dos et de deux paires de tiges rigides, ou épines, jaillissant de ses épaules. Selon les chercheurs, ces traits caractéristiques servaient à impressionner ses partenaires potentiels ou à intimider ses rivaux, plus de 110 millions d’années avant l’apparition des premiers paons. Décrit dans la revue Cretaceous Research, le fossile était conservé depuis de longues années au Musée national d’histoire naturelle de Karlsruhe, en Allemagne.
Cette surprenante découverte est intervenue après que les chercheurs ont réalisé des radiographies d’éléments squelettiques fichés dans deux dalles de pierre provenant de la formation de Crato au Brésil, une mer intérieure peu profonde s’étant formée il y a environ 110 millions d’années. Étonnamment, il s’est avéré que les épines rigides saillant des épaules de l’animal n’étaient pas faites d’os ou d’écailles, mais de kératine, matériau dont sont faits les cheveux et les plumes.
Mais pourquoi se donner tant de mal si ces tiges, qui rendaient l’animal plus visible aux yeux de ses potentiels prédateurs, ne permettaient pas d’obtenir plus facilement de la nourriture ? S’il est vrai que la capacité de survie détermine l’évolution des espèces par la sélection naturelle, l’évolution favorise également la reproduction. Ainsi, les individus sélectionnés pour leur aptitude sexuelle étaient naturellement favorisés et pouvaient transmettre leurs gènes.
Des attributs uniques
Il est probable que les longues tiges dépassant des épaules d’Ubirajara jubatus jouaient le même rôle que les plumes colorées composant la queue du paon mâle. Bien qu’il soit impossible de déterminer avec certitude le sexe de l’individu étudié, sa taille suggère qu’il s’agissait d’un jeune mâle, qui devait effectuer des danses complexes pour exhiber au mieux ses apparats, ce qui constituerait un comportement tout à fait inédit pour une dinosaure du Crétacé.
Positionnée de manière à ne pas entraver ses mouvements, son épaisse fourrure était contrôlée par des muscles. De la même façon qu’un porc-épic hérisse ses épines lorsqu’il se sent menacé, le petit dinosaure pouvait donc la dresser pour décourager ses adversaires et l’abaisser lorsqu’il devait se déplacer rapidement à travers une végétation dense. Selon les auteurs de l’étude, Ubirajara jubatus constitue l’un des rares exemples de dinosaures à plumes non aviaires découverts en Amérique latine.
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
Étiquettes: cretace, Ubirajara jubatus, dinosaure
Catégories: Histoire, Actualités