L’alimentation suscite des débats passionnés, entre éthique, santé et écologie. Mais qu’en est-il de ses effets concrets sur le corps humain ?

Deux frères jumeaux, Hugo et Ross Turner, ont décidé de s’y confronter en devenant leurs propres cobayes. Pendant douze semaines, l’un a suivi un régime végan, l’autre une alimentation carnée, avec le même mode de vie, les mêmes entraînements et les mêmes apports caloriques. Le résultat est des effets surprenants, parfois inattendus, sur leur organisme.
Deux jumeaux aux régimes opposés pour une expérience scientifique inédite
Connus pour leurs aventures extrêmes, Hugo et Ross Turner ont prêté leur corps à la science. Encadrés par des chercheurs du King’s College de Londres, ils ont testé deux régimes radicalement différents.
Hugo, adepte du végétal, a supprimé toute source animale de son assiette. Ross, lui, a opté pour un régime riche en viande, œufs et produits laitiers.
Dès les premières semaines, les différences se sont fait sentir. Hugo a rapporté une meilleure endurance, moins de fringales et une énergie plus stable. À l’inverse, Ross a connu des pics d’énergie intenses, mais aussi de grandes baisses. Un contraste frappant, malgré une base génétique identique.
Végétal ou animal : des effets divergents sur la composition corporelle et le microbiote
Les analyses ont confirmé ce ressenti. Hugo a perdu de la masse grasse et vu son cholestérol diminuer. Ross a gagné en muscle, mais aussi en masse grasse, sans changement notable de son taux de cholestérol.
Un point central de l’étude portait sur le microbiote intestinal, ce vaste écosystème bactérien qui influence notre digestion et notre santé mentale.
Les résultats ont montré que le régime végan augmente la diversité bactérienne, mais peut aussi en réduire la stabilité. À l’inverse, le régime carné, plus constant, a maintenu une flore intestinale stable. Ces observations font écho aux travaux du professeur Tim Spector, spécialiste reconnu du microbiote, qui plaide pour une alimentation variée comme clé de l’équilibre intestinal.
Compléments alimentaires : des résultats inattendus en faveur du végétal
L’expérience ne s’est pas arrêtée là. Les jumeaux ont poursuivi leur comparaison avec une nouvelle série de tests : des compléments alimentaires d’origine végétale contre ceux d’origine animale, pendant six mois.
Et là encore, surprise. Hugo, qui consommait des suppléments à base d’algues et d’huiles végétales, a obtenu de meilleurs taux de vitamine D3 et d’oméga-3 que son frère adepte des gélules de poisson.
Ce résultat remet en cause l’idée reçue selon laquelle les produits d’origine animale seraient toujours supérieurs en matière de nutriments. Il souligne surtout l’importance de la qualité des sources et de l’adéquation entre les apports et les besoins individuels.
Une même génétique, mais des réponses différentes : vers une alimentation personnalisée
L’enseignement principal de cette étude ? Il n’existe pas de régime universellement parfait. Le corps réagit de manière unique selon les profils.
Le végétal améliore certains marqueurs (énergie, lipides sanguins), mais peut perturber la stabilité du microbiote. L’animal, plus constant, favorise la prise de masse, mais aussi de gras.
À l’heure où l’alimentation devient une science, cette expérience pousse à repenser notre approche. Plutôt que d’opposer les régimes, il semble plus pertinent de les personnaliser, en combinant qualité, variété et écoute du corps. Une piste prometteuse pour l’avenir de la nutrition… et pour éviter les dogmes alimentaires.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences humaines, Sciences