Fléau des régions tropicales, la dengue est une infection virale transmise par un certain type de moustiques. Pour contrer cette épidémie qui touche 390 millions de personnes chaque année, les scientifiques ont relâché des moustiques génétiquement modifiés afin de la neutraliser.
Transmise par des moustiques du type Aedes, la dengue est une maladie virale et infectieuse qui peut toucher jusqu’à 3 milliards de personnes dans le monde, soit un peu moins que la moitié de la population entière du globe. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime d’ailleurs que 390 millions de personnes sont touchées par la dengue chaque année.
La maladie touche principalement les zones tropicales mais s’exporte peu à peu vers les climats plus tempérés comme l’Europe. Ses symptômes sont similaires à ceux de la grippe, avec de la fièvre, des douleurs musculaires, de la fatigue ou encore des nausées. Si la guérison peut advenir rapidement, certains cas peuvent vite dégénérer vers des complications qui s’avèrent parfois mortelles.
En marron, les zones infestées par l’Aedes aegypti ; en rouge les zones infestées par l’Aedes aegypti où ont eu lieu des épidémies de dengue.
Et même si un vaccin est actuellement à l’étude, aucun remède efficace n’a encore été trouvé à ce jour. Mais une belle avancée a été réalisée par des chercheurs de l’université de Monash, en Australie. Ils ont réussi à modifier la flore bactérienne du moustique qui peut nous transmettre la dengue et à empêcher la propagation de la maladie.
Tout cela doit pourtant beaucoup au hasard : les scientifiques voulaient au départ implanter une bactérie répandue chez certains insectes, la wolbachia, pour diminuer la durée de vie des moustiques. Il y a eu beaucoup de tentatives et ce n’est qu’en 2008 que l’équipe a réussi à introduire cet agent pathogène dans la flore bactérienne du moustique Aedes. Comme prévu, la durée de vie de la bête avait diminué. Mais les chercheurs ont découvert un autre effet secondaire très intéressant après coup : le moustique en question était devenu résistant au virus de la dengue !
Vue au microscope d’une bactérie wolbachia.
Scott O’Neil, directeur de l’équipe en question explique : « Le virus de la dengue ne peut pas se multiplier dans le moustique si Wolbachia est déjà présente, la maladie ne peut donc plus être transmise à l’Homme à partir de ces insectes. » Pour mettre leurs résultats à l’épreuve, les scientifiques ont relâché des moustiques dans la nature pour permettre aux wolbachia de se propager chez d’autres individus et de faire grossir les rangs des moustiques anti-dengue. Avec succès puisqu’en l’espace de deux ans et demi, 95% de la population de moustiques de la zone contenaient cette bactérie.
Pour aller encore plus loin et mettre l’efficacité de cette alliance improbable à l’épreuve, l’équipe de l’université de Monash a collaboré avec l’entomologiste au Vietnam’s National Institute of Hygiene and Epidemiology et son équipe. C’est l’île vietnamienne de Tri Nguyen qui a été choisie pour accueillir les moustiques wolbachia. Les résultats sont attendus avec impatience par les deux équipes.
L’île paradisiaque de Tri Nguyen.
Bien sûr, il reste la question des dangers que peut apporter une telle modification génétique. Quand on voit les risques que comporte l’introduction des OGM dans l’environnement, il est légitime de s’inquiéter des conséquences qu’aura l’introduction de moustiques génétiquement modifiés dans la nature, même si le but est d’arrêter une épidémie de maladie grave.
En tout cas, c’est fou ce qu’on peut réussir à faire en introduisant une bactérie chez un moustique ! Les scientifiques responsables de cette découverte font d’ailleurs remarquer que ces insectes bloqueraient également d’autres maladies dont ils sont habituellement porteurs comme le paludisme, le chikungunya ou la fièvre jaune. D’autres recherches devront être mises en oeuvre pour confirmer l’efficacité de cette méthode, mais en tout cas, on trouve que c’est une avancée spectaculaire, même si certains émettent quelques réserves sur le fait de relâcher des insectes génétiquement modifiés dans la nature. Et vous, pensez-vous que ce soit une bonne ou une mauvaise chose de relâcher des insectes génétiquement modifiés dans la nature, même à des fins médicales ?
Par Alex Dobro, le
Source: Futura-Sciences