Et si les premiers artistes de l’humanité n’étaient pas Homo sapiens, mais Néandertal ? De nouveaux fragments d’ocre taillés, retrouvés en Ukraine et en Crimée, montrent des gestes répétés, maîtrisés, et profondément intentionnels. Une découverte qui bouleverse notre récit des origines de l’intelligence symbolique.

L’art symbolique n’aurait pas commencé avec Sapiens, mais avec Néandertal il y a 130 000 ans
Avec leurs fresques spectaculaires, les grottes comme Chauvet ou Lascaux ont longtemps fait de Sapiens le pionnier de l’art. Les peintures y sont complexes, élaborées et hautement symboliques.
Mais aujourd’hui, cette idée vacille. De nouvelles découvertes suggèrent que Néandertal, bien avant Sapiens, possédait déjà une pensée visuelle et créative. Si l’on suit les preuves, il aurait pu initier les premiers gestes artistiques conscients.
Ce basculement dans notre compréhension de l’art préhistorique est majeur. Il implique que la pensée symbolique ne serait pas née d’un coup, mais aurait émergé chez plusieurs espèces humaines. Un héritage partagé, et non un monopole sapiensien.
Des traces d’activités symboliques attribuées à Néandertal bien avant l’arrivée de Sapiens
Plusieurs grottes espagnoles ont livré des empreintes de mains et motifs géométriques remontant à plus de 66 000 ans, avant l’arrivée de Sapiens.
Ces traces, attribuées à Néandertal, interrogent : étaient-elles simplement opportunes ou réellement symboliques ? L’analyse des pigments devient cruciale.
Cela suggère une volonté de marquer l’espace, de laisser une trace. Même si le sens profond nous échappe, le geste artistique semble bien là, inscrit dans la roche.
Des fragments d’ocre taillés en « crayons » prouvent une intention symbolique claire
Des fragments d’ocre retrouvés en Crimée et en Ukraine montrent une préparation d’outils picturaux entre 130 000 et 33 000 ans. Leur forme taillée et les marques d’usure indiquent un usage répété. Néandertal fabriquait intentionnellement des crayons, pour peindre ou marquer.
Les chercheurs ont mis en évidence des stries, des arêtes usées, des extrémités arrondies, preuve que ces morceaux d’ocre étaient tenus en main et utilisés sur une surface. Cela signifie que Néandertal anticipait son geste graphique. Il façonnait ses outils pour produire un effet, pour transmettre, peut-être pour communiquer. Une démarche pensée, et non un simple hasard.
Une pensée complexe confirmée par la répétition et la fabrication d’outils picturaux
Ces gestes répétés démontrent une pensée abstraite et créative chez Néandertal. Il anticipait, modifiait, adaptait ses outils picturaux.
On découvre un cousin humain capable de communiquer par le symbole, bien avant ce qu’on imaginait. De quoi reconsidérer toute notre histoire.
Loin du cliché de l’homme primitif rustre, Néandertal apparaît comme un être sensible, capable d’interagir avec son environnement de façon subtile et réfléchie. C’est une révolution dans la façon dont on considère l’intelligence humaine. Car si plusieurs humanités ont été capables d’art et de symboles, alors notre regard sur la Préhistoire change radicalement, et peut-être durablement.
Par Eric Rafidiarimanana, le