L’examen de la dépouille d’une femelle requin grande-gueule pleine, retrouvée sur une plage des Philippines, a offert aux chercheurs un aperçu sans précédent de la biologie de ces insaisissables squales.
Des créatures ovovivipares
Découverts par les scientifiques en 1976, les requins grande-gueule (Megachasma pelagios) sont des poissons filtreurs vivant dans les profondeurs des océans. Pouvant mesurer jusqu’à 6 mètres de long et peser plus de 700 kilos, ces créatures à la bouche massive restent mal connues, avec moins de 120 individus observés ou capturés au cours des dernières décennies.
À la suite de l’échouage d’un spécimen plein (ce qui constitue une première) sur une plage de la province d’Aurora le 14 novembre dernier, des experts du Marine Wildlife Watch des Philippines ont procédé à sa nécropsie. Si un petit avait été retrouvé à proximité de cette femelle de 5,6 mètres de long, six autres se trouvaient encore dans son corps. Selon l’équipe, sa progéniture mesurait entre 165 et 183,5 centimètres de long.
Les requins sont connus pour expulser leurs petits ou leurs œufs lorsqu’ils sont soumis à un stress élevé. L’absence de blessures habituellement associées à une prise accidentelle (causées par le matériel de pêche) suggère que la présence d’un jeune squale sur la plage soit la conséquence de l’échouage de la femelle.
LOOK: Filipino zoologists have recorded the world’s first discovery of a pregnant Megamouth Shark, according to the National Museum of the Philippines (NMP).
— Daily Guardian (@dailyguardianph) December 3, 2023
NMP pic.twitter.com/r81nslUtGa
Bien que de nombreuses questions demeurent concernant la biologie et le mode de vie de ces créatures, ces nouvelles analyses ont au moins permis de confirmer que les requins grande-gueule étaient ovovivipares : les œufs se développent et éclosent à l’intérieur du corps de la mère, qui donne naissance à des petits vivants.
Une espèce à protéger
La prochaine analyse des échantillons prélevés pourrait révéler si ces spécimens étaient génétiquement distincts des autres populations connues de M. pelagios, et si les oeufs d’une même portée peuvent être fertilisés par plusieurs mâles.
Selon le Marine Wildlife Watch, une meilleure connaissance des habitudes de migration et de l’aire de répartition des requins grande-gueule s’avère indispensable pour orienter efficacement les politiques de conservation les concernant.
En septembre dernier, des chercheurs australiens avaient annoncé la découverte d’une étrange espèce de requin à dents « humaines ».
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: requin
Catégories: Animaux & Végétaux, Actualités