Si les trithérapies permettent de contrôler l’infection et la propagation du VIH, aucun traitement ou médicament ne permet d’éliminer totalement le SIDA. En effet, le virus peut se cacher pendant des dizaines d’années dans des cellules de l’organisme appelées « cellules réservoir » indissociables des autres jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, des chercheurs français ont trouvé un moyen de les détecter.

 

Des cellules non-identifiables jusqu’à présent

Jusqu’à maintenant, aucun moyen ne permettait de repérer ces cellules, qui agissent en tant que « hôtes silencieuses » du virus. Mais après cinq années de travail, des scientifiques ont trouvé un marqueur capable de les identifier. Une trouvaille qui permettra peut-être d’éradiquer le SIDA pour de bon.

« Nous savions que ces cellules réservoirs existaient et qu’il y en avait une sur un million. Ce sont des cellules du système immunitaire, les lymphocytes T CD4. Par contre, nous étions incapables de les identifier », expliquent Benjamin Descours et Gaël Petitjean, coauteurs de l’étude et chercheurs au département de virologie moléculaire, dirigé par le Professeur Monsef Benkirane, au CNRS de Montpellier. « Désormais, nous connaissons un marqueur, et plus précisément une protéine exprimée à la surface de ces cellules dormantes infectées, la protéine CD32. »

 

Comment les chercheurs ont-ils procédé ?

C’est en 2011 que tout a commencé, quand des chercheurs de ce même laboratoire ont montré comment infecter les lymphocytes T CD4 par le VIH. « Après avoir infecté des lymphocytes, nous avons regardé quels gènes s’exprimaient par rapport à un lymphocyte sain. Nous avons sélectionné le gène qui s’exprimait le plus, c’est comme cela que nous avons découvert le gène codant le marqueur CD32 », racontent les chercheurs.

Afin de mettre leurs recherches en pratique, les scientifiques ont analysé le sang de 12 patients atteintes du VIH sous trithérapie, et ont isolé, grâce à des anticorps, les cellules du sang exprimant le marqueur. À titre quantitatif, les chercheurs estiment qu’une personne atteinte du VIH doit avoir environ 4 000 cellules réservoir parmi les 4 milliards de lymphocytes CD4 T, pour 5 litres de sang. Ainsi, ils ont pu remarquer qu’un nombre infime de lymphocytes T CD4 exprimaient la protéine CD32, de l’ordre de 0,0012 %. S’ils ont par la suite affirmé que la quasi-totalité de ces cellules étaient infectées par le virus, il n’y a aucun doute : ces cellules étaient bien des cellules réservoir.

Tentative de description de la révélation de CD32A comme marqueur des cellules réservoir du VIH par Hyber

 

Un combat loin d’être terminé

Si cette découverte affiche de belles promesses dans le combat contre cette maladie, rien ne prouve que ce marqueur permet de reconnaître toutes les cellules réservoir du corps. En effet, le sang contient seulement 2 % des lymphocytes de l’organisme et la majorité des réservoirs se trouvent dans les tissus.

« Nos résultats sont une petite photographie d’une réalité mais nous ne savons pas s’ils sont représentatifs. Mais il nous est plus facile d’avoir accès au sang que de faire des biopsies de muscles ou d’organes », soulignent les chercheurs. Si le but est dans un premier temps de comprendre comment fonctionnent ces cellules réservoirs, cette découverte pourrait permettre d’élaborer des traitements thérapeutiques afin d’éliminer le virus latent de l’organisme.

Virus du VIH circulant dans le sang via Depositphotos
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments