Permettant d’améliorer la santé en ciblant et en remplaçant des morceaux d’ADN spécifiques, la technique d’édition génétique CRISPR se révèle également prometteuse pour traiter les dystrophies musculaires lorsque l’ARN est ciblé.
Cibler l’ARN plutôt que l’ADN
Dans le cadre de travaux présentés dans la revue Nature Biomedical Engineering, des scientifiques de l’université de Californie à San Diego (UCSD) ont démontré que le ciblage de l’ARN via la méthode CRISPR permettait de détruire efficacement les accumulations toxiques de cette molécule, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour les dystrophies musculaires et autres affections connexes.
Ces nouvelles recherches s’appuient sur une étude publiée en 2016, dans laquelle les scientifiques de l’UCSD avaient démontré que cette technique d’édition génétique pouvait être utilisée pour cibler l’ARN dans les cellules vivantes. Agissant comme un messager, celui-ci communique les informations concernant nos gènes à la machinerie cellulaire pour la production de protéines, et il se trouve que son emplacement et la façon dont il se déplace à travers la cellule permettent de déterminer l’efficacité avec laquelle il remplit cette importante fonction.
Lorsque l’ARN ne suit pas le bon chemin ou se retrouve à un endroit où il n’est pas censé être, d’importants problèmes peuvent survenir. Au fil des années, la recherche a établi un lien entre l’ARN mal positionné et toute une série d’affections, dont l’autisme et le cancer, de sorte que la capacité à le cibler dans les cellules vivantes a constitué une avancée importante.
La quasi-totalité des symptômes de la dystrophie myotonique inversés de façon durable chez la souris
La méthode CRISPR cible habituellement l’ADN. Ici, les scientifiques utilisent un morceau d’ARN conçu pour imiter la séquence du gène cible, qui guide une enzyme appelée Cas9 vers l’emplacement souhaité. Une fois sur place, l’enzyme coupe l’ADN et inactive le gène. Ainsi, la séquence retirée peut ensuite être remplacée par une nouvelle version.
L’équipe de l’UCSD a modifié sensiblement cette approche, en mettant au point un acide nucléique court s’appuyant sur l’ARN messager afin de rechercher une molécule spécifique d’ARN à la place. Une technique connue sous le nom de Cas9 ciblant l’ARN, ouvrant la voie au développement de nouveaux traitements pour la dystrophie myotonique de type 1, le type le plus courant de dystrophie musculaire à l’âge adulte.
Les personnes touchées par cette maladie héritant de segments d’ADN répétitifs qui provoquent une accumulation toxique d’ARN, qui se traduit par la détérioration des muscles et une faiblesse généralisée, les scientifiques américains ont entrepris de tester l’efficacité de la méthode pour éliminer ces dépôts problématiques chez différents modèles de souris atteintes par cette maladie.
Une nouvelle version de la thérapie génique, impliquant des vecteurs viraux et le guide ARN pour cibler l’ARN répétitif, a été injectée aux rongeurs. L’équipe a découvert qu’une seule dose pouvait aider à débarrasser les animaux de l’accumulation d’ARN toxique et à inverser la quasi-totalité des symptômes de la dystrophie myotonique de façon durable.
Un fort potentiel pour le traitement d’autres maladies neuromusculaires graves
Selon l’équipe, ces résultats mettent en évidence le fort potentiel de cette méthode d’édition génétique pour traiter non seulement la dystrophie myotonique de type 1, mais également d’autres maladies incurables.
« De nombreuses autres maladies neuromusculaires graves, comme la maladie de Huntington et la sclérose latérale amyotrophique (SLA), pour lesquelles il n’existe actuellement aucun remède, sont également provoquées par une accumulation similaire d’ARN toxique », conclut le chercheur Gene Yeo, auteur principal de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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