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Ce parasite terrifiant zombifie les crabes mâles et les transforme en femelles

Il va s’occuper des œufs du parasite comme s’il s’agissait des siens…

Pratique courante dans la nature, le parasitisme désigne une relation biologique entre deux être vivants, où le parasite va tirer profit de l’organisme hôte pour s’abriter, se nourrir et se développer. S’attaquant principalement aux crabes verts, la sacculine va modifier profondément le comportement de ces derniers.

Une transformation spectaculaire

Crustacé généralement jaune-orangé pouvant atteindre une taille de 26 millimètres, la sacculine est un parasite hermaphrodite : elle possède à la fois des ovaires et des testicules. Débutant son développement au stade de larve nauplius, elle va muer en larve cypris (étape au cours de laquelle le sexe se différencie) et se mettre ensuite à la recherche d’un hôte, afin d’y puiser les nutriments indispensables à sa survie. Une fois l’hôte identifié, généralement un crabe vert, elle va s’y fixer à l’aide de ses antennules, munies de sortes de ventouses, pour ne plus jamais s’en détacher.

La larve va ensuite entamer une transformation spectaculaire et injecter à l’intérieur de son hôte les tissus qu’elle contient, dont les ramifications vont innerver l’ensemble de la paroi digestive de l’animal et se prolonger jusqu’à l’extrémité de ses pattes. Dans le même temps, un nodule constitué de tissu reproducteur va perforer le tégument du crabe et ressortir au niveau de son abdomen : c’est à l’intérieur de cette partie externe, reliée aux filaments internes par un pédoncule, que se déroulera la fécondation et l’incubation des œufs et des larves.

Lorsque la partie externe est bien en place, la mue du crabe s’arrête et sa croissance somatique se bloque, ce qui a pour effet de supprimer toute activité sexuelle. Mais si cette partie venait à se détacher, ces changements deviendraient réversibles. © Hans Hillewaert/Wikimedia Commons

Lorsqu’ils sont infectés, les crabes mâles se « féminisent »

Désormais, c’est la sacculine qui va occuper le rôle de la ponte (les plus gros spécimens peuvent pondre entre 100 000 et 300 000 œufs par cycle). Une fois les œufs éclos, de nouvelles larves se forment et le cycle recommence. Le parasite va puiser les éléments nutritifs dont il a besoin à l’aide du réseau de ramifications qu’il a tissé à l’intérieur de son hôte. Ce qui va avoir pour effet de réguler l’activité des glandes endogènes, responsables de la différenciation des caractères sexuels, chez le crabe mâle. Ce dernier va alors se comporter comme une femelle et s’occuper des œufs du parasite comme s’il s’agissait des siens.

Affectionnant particulièrement les spécimens mâles (qui représentent 75 % de ses victimes), la sacculine va également provoquer d’autres changements physiologiques spectaculaires chez son hôte : la cavité abdominale de ce dernier va s’agrandir afin de pouvoir accueillir les œufs du parasite. En faisant baisser drastiquement la capacité des crabes verts à se reproduire (environ 50 % d’entre eux sont rendus infertiles par ce processus), la sacculine pourrait à plus ou moins long terme constituer une menace pour l’équilibre de l’écosystème au sein duquel ils évoluent.

Comprise entre un et deux ans, la durée de vie de la sacculine est étroitement liée à celle de son hôte : la mort du crabe la condamne également. © Hans Hillewaert/Wikimedia Commons

Par Yann Contegat, le

Source: Trust my Science

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