
Certains abandonnent après quelques kilomètres, d’autres repoussent les limites du corps et de l’esprit sur des centaines de kilomètres. Mais existe-t-il une véritable frontière entre l’endurance humaine et l’impossible ? Explications.
Des records hors du commun
En 2005, l’Américain Dean Karnazes a parcouru 563 kilomètres en trois jours et demi, sans dormir. Un exploit devenu mythique chez les coureurs d’ultramarathon. Mais en 2023, un autre athlète a fait encore plus fort : Harvey Lewis a tenu 108 heures dans une épreuve appelée yard ultra, où les participants doivent courir une boucle de 6,7 kilomètres chaque heure, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Résultat : 724 kilomètres au total, entrecoupés de quelques rares minutes de repos.
Pourtant, ces performances ne sont pas comptabilisées comme des courses « sans arrêt ». Les athlètes s’accordent de brèves pauses pour manger, marcher, aller aux toilettes… ou même faire un micro-sommeil. En réalité, aucun record officiel de course ininterrompue n’existe, et la nature elle-même fixe probablement les limites.
« Je pense que le fait d’uriner sera le facteur limitant », déclare Jenny Hoffman, physicienne à Harvard et détentrice du record féminin de la traversée des États-Unis à pied, achevée en 47 jours, 12 heures et 35 minutes.
Un corps étonnamment bien conçu pour durer
Malgré ces contraintes biologiques, l’être humain reste remarquablement adapté à l’endurance. Ses muscles fessiers puissants favorisent la propulsion, ses tendons et ligaments stockent l’énergie élastique, et son système de refroidissement par la transpiration lui permet de courir longtemps même sous la chaleur.
« Nous sommes capables de maintenir notre température corporelle relativement basse, un avantage considérable sur la plupart des espèces », explique Guillaume Millet, physiologiste du sport à l’université Jean-Monnet.
Mais selon Daniel Lieberman, biologiste évolutionniste à Harvard, ces capacités ne sont qu’un détournement extrême de fonctions naturelles. « Nous n’avons pas évolué pour courir sur des distances démentielles », souligne-t-il. « Ce sont des adaptations normales poussées à l’extrême. »
Quand le mental prend le relais du corps
Blessures, épuisement, manque de sommeil : autant d’obstacles physiques qui finissent par imposer une pause. Pourtant, ce n’est pas toujours le corps qui cède le premier. « Le principal facteur limitant l’endurance humaine est d’ordre mental », affirme Daniel Lieberman.
Pour préparer sa traversée des États-Unis, Jenny Hoffman courait plus de 300 kilomètres par semaine, renforçant son corps autant que sa volonté. Et cette volonté, de plus en plus de personnes la partagent : entre 1996 et 2020, le nombre de participants à des ultramarathons a augmenté de 1 676 %. De quoi imaginer de nouveaux exploits à venir. « Je pense que cette limite va continuer à être repoussée », conclut Jenny Hoffman.
Par ailleurs, voici pourquoi votre cerveau a besoin d’activités physiques.
Par Cécile Breton, le
Source: Live Science
Étiquettes: course, marathon, activité physique, endurance