
De nouvelles recherches suggèrent que la gigantesque bande d’eau en mouvement autour du pôle Sud pourrait se déplacer significativement au cours du prochain millier d’années, avec des conséquences profondes pour le climat et la vie terrestre.
Retracer l’évolution du courant circumpolaire antarctique
Circulant d’ouest en est, le courant circumpolaire antarctique (CCA) joue un rôle clé dans le brassage des eaux provenant des océans Indien, Pacifique et Atlantique Sud. Avec un débit atteignant 150 millions de mètres cubes par seconde, il contribue largement au cycle du carbone, ainsi qu’à la distribution des nutriments et de la chaleur océanique à l’échelle mondiale.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Communications, une équipe internationale de chercheurs a retracé son évolution en s’appuyant sur des carottes de sédiments de plusieurs centaines de mètres de long, prélevées sous la mer de Scotia (nord de l’Antarctique).
En examinant la distribution et la taille des particules les composant, l’équipe a découvert qu’il s’accélérait significativement au cours des périodes plus chaudes. « Lors de l’avant-dernière, survenue il y a environ 130 000 ans, sa vitesse était plus de trois fois supérieure à celle observée actuellement », explique Michael Weber, de l’Institut des sciences de la Terre de l’université de Bonn.
Cet emballement a été attribué aux changements de l’orbite de la Terre autour du Soleil, qui se répètent tous les 100 000 ans et modifient la quantité de rayonnement et de chaleur qui atteignent notre planète. Intervenant tous les 21 000 ans environ, les modifications de l’inclinaison de son axe de rotation amplifieraient ce phénomène.

Un scénario susceptible de se répéter
Il s’est également avéré qu’au cours de cette période, le courant circumpolaire antarctique s’était déplacé de près de 600 kilomètres vers le sud.
« En rapprochant des eaux plus chaudes des calottes glaciaires de l’Antarctique, il aurait potentiellement contribué à une élévation du niveau des océans de 6 à 9 mètres au cours de la dernière période interglaciaire », estime Weber.
Sur la base de ces découvertes, le scientifique et ses collègues estiment qu’avec l’intensification actuelle du réchauffement climatique, ce scénario pourrait se reproduire au cours des prochains siècles, et induire des changements bouleversant profondément la dynamique des écosystèmes de notre planète.
Il y a quelques semaines, des signes inquiétants d’instabilité avaient été mis en évidence pour le grand courant de l’Atlantique Nord.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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