Non loin de Saint-Omer se dresse un impressionnant complexe culturel : la Coupole d’Helfaut, qui réunit un saisissant mémorial aux victimes de la Seconde Guerre mondiale ainsi qu’un planétarium. Mais quels secrets renferme cette Coupole ?
UNE BASE SECRÈTE NAZIE POUR LES TERRIBLES V2
La Coupole est le vestige d’une base nazie « secrète ». Elle était destinée à lancer des missiles V2, qu’Hitler considérait comme son arme miracle pour semer la terreur dans les villes alliées, principalement Londres et Anvers. Les alliés ayant détruit plusieurs bases de lancement de missiles V1, le Führer a exigé la construction d’une usine dotée de sa propre base de lancement.
C’est en août 1943 que La Coupole a été creusée dans la roche d’une ancienne carrière de calcaire par plus d’un millier d’ouvriers allemands. De nombreux français, soumis au Service du travail obligatoire (STO), ainsi que des prisonniers soviétiques ont également participé à sa construction. Au bout de ce dédale de béton et de pierre, dans lequel règne un froid glacial et une humidité constante, se dresse la coupole haute de 42 mètres. Dans les galeries menant au cœur du complexe, les alcôves proposent des expositions sur l’armement, la médecine et la cryptographie de la Seconde Guerre Mondiale. L’ensemble, très didactique et instructif, présente des informations et des photographies relativement méconnues.
Si le bâtiment, construit entre 1943 et 1944, n’a jamais été terminé, il est un parfait exemple de la mégalomanie des dirigeants nazis et des qualités de construction des ingénieurs et architectes allemands. Construit sur d’anciennes carrières calcaires, le complexe contenait des bureaux d’ingénieurs, une usine de création d’oxygène liquide pour le carburant, plusieurs voies ferrées, des entrepôts, une usine de montage de missiles V2 et une base de lancement. Un énorme moteur de 26 tonnes, toujours visible sur place, permettait au site d’être autonome. Il était prévu pour déployer 200 fusées V2 par jour en direction de toute l’Europe alliée.
LE BÂTIMENT, CONSTRUIT ENTRE 1943 ET 1944, N’A JAMAIS ÉTÉ TERMINÉ
La structure principale du complexe s’organisait autour d’une grande salle hexagonale située directement sous la coupole et qui devait servir à préparer la fusée avant le lancement. Environ dix niveaux intermédiaires devaient être construits dans les flancs de cette salle pour permettre aux techniciens de programmer la direction de la cible, armer les explosifs, remplir les réservoirs et orienter les tullières pour la combustion. Le côté occidental de la salle hexagonale donnait sur deux hauts corridors appelés Gustav et Gretchen. Chacun devait être protégé par des portes en béton et en acier à l’épreuve des bombes.
Ces tunnels mesuraient 4 m de large et 17 m de haut et débouchaient dans la carrière. Des plates-formes de lancement pour les fusées devaient être construites à l’extrémité de chaque corridor. Dès sa découverte par les avions de reconnaissance alliés, le site devient une cible prioritaire pour les aviations anglaises et américaines. La coupole résiste, mais pas les infrastructures alentours, et l’avancée des troupes anglo-américaines de libération dans le Nord de la France oblige l’armée allemande à abandonner le site. Devant l’ampleur de ce complexe, Winston Churchill en fait murer une grande partie. Le site tombe alors peu à peu dans l’oubli.
UN MÉMORIAL
CET ESPACE EST IMMENSE, INSENSÉ ET EXCESSIVEMENT TRISTE
En mai 1997, après 10 ans de travaux, la déclassification du site par l’armée et l’achat du terrain par la région, le site est ouvert au public.
Les visiteurs entrent par le tunnel ferroviaire Ida dont les rails ont été retirés. Les tunnels adjacents, autrefois utilisés pour le stockage, exposent des objets datant de la guerre. La visite se poursuit dans le tunnel Mathilde jusqu’à un ascenseur qui emmène les visiteurs dans l’espace sous le dôme où se trouve la principale exposition.
Les deux derniers étages sont consacrés à des documentaires et un centre d’interprétation sur, d’une part, la Résistance et l’occupation et, d’autre part, sur l’armement et l’horreur des camps. La scénographie est dynamique et vivante, avec de nombreux vestiges et des focus sur des résistants, des prisonniers ou des allemands. Les informations audiovisuelles sont disponibles en français, en anglais, en allemand et en néerlandais.
La partie consacrée au missile V2, où sont exposés plusieurs objets d’époque dont un missile V1 fourni par le Science Museum de Londres et un V2 prêté par la Smithsonian Institution de Washington DC, aboutit sur les prémices de la conquête spatiale puisque les recherches sur les V2, ces premiers missiles balistiques, ont conduit à la création des premières fusées, d’autant que l’armée américaine a récupéré les éléments de près de 200 missiles V2 à la fin de la guerre.
De plus, des ingénieurs et des ouvriers qualifiés allemands ont été débauchés par les différentes armées alliées pour leurs propres programmes militaires. Les USA ont été particulièrement actifs dans cette chasse aux cerveaux puisqu’ils ont exfiltré Wernher von Braun, le concepteur des V2, et toute son équipe qui ont ensuite vécu paisiblement aux USA. Un mémorial est également consacré aux 8 000 habitants du Nord-Pas-de-Calais tués ou déportés durant la guerre.
UN PLANÉTARIUM
En prenant appui sur les recherches sur les V2 qui ont mené à la conquête spatiale, le Centre de ressources numériques pour le développement de l’accès à la connaissance (CEREDAC) a ouvert un planétarium à quelques mètres de la Coupole, il y a cinq ans.
Le planétarium permet de visionner des films scientifiques et des documentaires sur l’espace ou encore la Seconde Guerre Mondiale. Des maquettes et des panneaux explicatifs complètent le dispositif.
Ainsi, le site de la Coupole d’Helfaut est un lieu unique en son genre. Lieu de mémoire, de recueillement et de découverte, l’on y découvre une réalité de la seconde Guerre mondiale dans un site historique aussi grandiose que triste. A la rédaction du Daily Geek Show, nous avons beaucoup appris de ce lieu qui montre la guerre pour promouvoir la paix. Pour découvrir un autre lieu de mémoire lié à la triste histoire de la Seconde Guerre mondiale nous vous conseillons l’article sur Ouradour-sur-Glane.