S’inspirant de l’âge d’or de la science-fiction et d’un ambitieux projet de la NASA datant des années 1970, une équipe d’ingénieurs et d’astrophysiciens américains soutient que l’utilisation d’astéroïdes pour créer des habitats spatiaux est moins farfelue qu’il n’y parait.
Des villes-astéroïdes
L’idée de villes flottant dans le cosmos est loin d’être nouvelle. En 1972, le physicien Gerard O’Neill avait proposé un concept d’habitat spatial ingénieux, impliquant deux cylindres à rotation inversée, reliés à chaque extrémité, tournant suffisament vite afin de simuler une gravité semblable à celle de la Terre sur leur face intérieure.
Le coût de l’expédition dans l’espace de tous les matériaux nécessaires à la construction d’un cylindre O’Neill classique se révélant prohibitif, dans le cadre de travaux publiés dans la revue Frontiers, des chercheurs de l’université de Rochester ont exploré une autre approche : utiliser les astéroïdes pour créer des villes spatiales.
La surface de ces roches spatiales s’apparentant à un amas de gravats sur lequel il serait compliqué de bâtir directement, le concept de l’équipe impliquerait d’évider l’astéroïde et de l’envelopper dans une structure de confinement externe flexible (dont les mailles seraient constituées de tubes de nanofibres de carbone de quelques atomes d’épaisseur seulement) afin de contenir les décombres, qui constitueraient une couche protectrice contre les radiations et permettraient d’obtenir la géométrie cylindrique souhaitée.
Cities on #Asteroids? It could work—in theory – https://t.co/VwsJvWrRgV #Aerospace #HumansInSpace #Space #SpaceColonisation #SpaceFlight #SpaceHabitat pic.twitter.com/eRCJyAbosB
— TechnologyOrg (@TechnologyOrg) December 17, 2022
« Le résultat serait un volume creux et blindé pouvant être mis en rotation jusqu’à une fraction significative de la gravité terrestre grâce à la force supplémentaire fournie par la structure de support externe », expliquent les chercheurs. « D’après nos calculs, un astéroïde de 300 mètres de diamètre pourrait être transformé en un habitat spatial cylindrique d’une surface habitable d’environ 35 kilomètres carrés. Soit à peu près la taille de Manhattan. »
« L’idée semble folle jusqu’à ce que vous réalisiez qu’en 1900, personne n’avait jamais volé dans un avion »
Si, à l’instar de la possibilité d’utiliser des planètes errantes comme « taxis interstellaires », ce concept peut sembler farfelu et difficilement réalisable, les auteurs de l’étude soulignent que l’ensemble des technologies nécessaires pour le mener à bien sont couramment utilisées ou actuellement en cours de développement.
« L’idée semble folle jusqu’à ce que vous réalisiez qu’en 1900, personne n’avait jamais volé dans un avion », illustre Adam Frank, professeur de physique à l’université de Rochester et auteur principal de l’étude. « Pourtant, en ce moment même, des milliers de personnes sont confortablement assises dans des engins volants filant à des centaines de kilomètres à l’heure. »
« Les villes spatiales peuvent sembler fantaisistes aujourd’hui, mais l’histoire montre qu’un siècle environ de progrès technologiques peut rendre possible des choses impossibles à un moment t », conclut-il.