L’analyse des pollens présents dans un échantillon de tourbe prélevé sur un site archéologique d’Irlande du Nord a mis en lumière l’impressionnante résilience d’une ancienne communauté rurale.
Un site occupé de façon quasi constante
Au cours du dernier millénaire, l’Irlande a connu d’importantes crises, incluant les grandes famines de 1315-1317 et de 1845-1852 ainsi que l’épidémie de peste noire de 1348-1349, et de profonds bouleversements climatiques, notamment la transition entre l’anomalie climatique médiévale, relativement chaude, et le petit âge glaciaire.
Afin d’en savoir plus sur la façon dont ses habitants avaient fait face à ces événements dramatiques, une équipe de l’université Queen’s de Belfast s’est rendue sur le site de Slieveanorra, tourbière située dans les hautes terres d’Antrim, à une trentaine de kilomètres au nord de Belfast. « La zone est aujourd’hui inhabitée mais il y a des bâtisses abandonnées et des traces claires d’agriculture », explique Gill Plunkett, auteure principale de l’étude, publiée dans la revue PLoS One.
L’analyse des types et concentrations de pollen dans une carotte de tourbe leur a offert un bon aperçu des végétaux ayant poussé dans la zone au cours des 1 000 dernières années. Alors que la part plus importante que prévu de plantes de pâturage et de cultures céréalières indiquait une occupation quasi constante du site au cours de cette période, la présence de pollen de plantes de la famille du cannabis suggérait une production de chanvre et de lin, probablement pour l’industrie textile.
La famine et la peste du XIVe siècle ont été associées à une utilisation accrue des terres, laissant penser que toute réduction de la population n’était que temporaire. Selon l’équipe, le site n’a été abandonné qu’une seule fois et pendant une à deux générations seulement, lors d’une période humide survenue au milieu du XVe siècle. À l’issue de celle-ci, l’agriculture a repris et s’est même développée.
« Les personnes qui vivaient là étaient libres d’adapter leur mode de vie »
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que les activités agricoles ont cessé et que le site a été déserté, « non pas parce que la zone était devenue impropre à la culture, mais parce que les membres de cette communauté rurale ont probablement trouvé de meilleures opportunités ailleurs », souligne Plunkett.
Si les raisons de l’impressionnante résilience de la communauté de Slieveanorra demeurent obscures, les auteurs de l’étude estiment que l’absence de propriétaire terrien, du moins jusqu’à la fin du XIXe siècle, aurait joué un rôle important. « Les personnes qui vivaient là étaient libres d’adapter leur mode de vie, par exemple en chassant davantage lorsque les récoltes étaient mauvaises, et n’avaient pas à remettre une part de celles-ci au seigneur local », concluent-ils.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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