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Retracez l’histoire des comédies musicales, ces performances artistiques longtemps boudées en France

La comédie musicale est un genre théâtral, mêlant comédie, chant et danse. Principalement connu aux Etats-Unis, le genre trouve son origine en Europe où il est souvent taxé de ringard et de kitsch. Pourtant, le genre se développe, et notamment en France depuis les années 1990.

En 1285, le poète Jacques Bretel décrit, dans son récital du Tournoi de Chauvency, un jeu qui regroupe toutes les caractéristiques de la comédie musicale. Il y parle d’une petite théâtrale sur le thème de l’amour et des sentiments qui y sont liés, dans laquelle les acteurs improvisent et s’expriment en chantant, dansant et mimant leurs sentiments.

A cette époque, on ne parle pas encore de comédie musicale. Selon les historiens, l’appellation est apparue pour la première fois au XVIIIe siècle en Italie pour qualifier les rares ouvrages musicaux légers mêlant chant et dialogue, et éventuellement la danse, à l’image de l’opéra-comique français. Le terme apparait en France durant l’entre-deux-guerres et sera utilisé jusqu’à la fin des années 60 pour qualifier les petites pièces, également appelées « opérettes légères ». Le genre est né, il lui faut juste un endroit pour se développer.

C’est aux Etats-Unis que le mouvement prend place : dans un premier temps défini comme étant à mi-chemin entre le théâtre et la musique classique, la comédie musicale va évoluer au tout début du XXe. En effet, c’est dans les années 1920 que cette nouvelle forme d’art intègre des nouvelles sonorités et notamment le Jazz. Pendant longtemps on supposera que sa création s’est effectuée sur le continent américain et pourtant, une première oeuvre nommée Black Crook était déjà apparue avant le début du siècle, en 1966 en Angleterre.

Cette comédie musicale diffère de l’opérette européenne de par les arts qu’il l’ont influencée : il s’agit d’un mélange entre le burlesque et le music-hall. Le premier est une sorte de petite revue née vers 1830 sur les scènes populaires anglaises, plus ou moins construite autour d’une trame très légère, d’un thème ou d’un simple fil conducteur, elle conserve certains aspects de la comédie en liant les numéros musicaux entre eux. Le music-hall est né près d’une vingtaine d’années plus tard dans les grands cafés concerts de Londres puis s’est développé aux Etats-Unis.

Jusque-là, la comédie musicale n’était qu’à ses débuts et c’est avec l’intervention du chorégraphe Jerome Robbins et du chef d’orchestre Leonard Bernstein qu’elle deviendra ce que nous connaissons aujourd’hui. Ce sont ces deux hommes qui établissent en premier les codes et règles de la comédie musicale contemporaine. Dans le spectacle The Town (en 1944), Robbins commence à mettre en pratique des idées alors considérées comme révolutionnaires. Il décide de réunir des genres musicaux différents et habituellement séparés aux USA, le chant et la danse, et les appliquer en fonction du caractère du personnage.

En 1957 et suite à leur travail et recherches, les deux hommes dévoilent une oeuvre considérée comme un classique de la comédie musicale, West Side Story. Inspirée de l’oeuvre de William Shakespeare, Roméo et Juliette, la comédie musicale situe son histoire dans les quartiers nord-ouest de Manhattan, l’Upper West Side, dans les années 50. L’histoire raconte les conflits entre deux groupes : les jets issus de la classe ouvrière blanche, nés en Amérique aux origines européennes et les Sharks, descendants de Portoricains. Il s’agit d’une oeuvre sur le thème des différences sociales et culturelles dont les musiques resteront célèbres.

Dans les années 60, la comédie musicale s’inspire de l’actualité et c’est le mouvement hippie que l’on va retrouver sur les scènes de petites salles en périphérie de la mythique Broadway. Ces spectacles d’avant-garde se placent dans l’esprit du flower power et attirent des jeunes de tous horizons. La jeune génération qui, jusque-là boudait les comédies musicales, se presse aux portes des spectacles qui mêlent à la fois du rock’n’roll, de la folk et leur vision du monde et l’espoir qu’ils ont de le changer. Hair, créé en 1967, fait partie de ces oeuvres devenues classiques.

En France, la vision de la comédie musicale est tout autre : les amateurs de spectacles ne sont pas habitués à ce genre de mises en scène mêlant théâtre, danse et burlesque. Toutefois et même si elle a longtemps été considérée comme une forme d’art kitsch et ringarde, la comédie musicale rencontre de plus en plus de succès. Si aujourd’hui l’âge moyen d’un spectateur français se situe entre 40 et 65 ans, de nombreuses productions séduisent de plus en plus de néophytes, y compris les enfants qui se pressent devant les adaptations du Roi Lion, d’Aladin ou encore de Grease. Ces dernières se différencient des classiques tels que Les Parapluies de Cherbourg ou Les Demoiselles de Rochefort, ce qui permet de toucher un plus grand public, de l’initier à différentes prestations.

Apres des années d’échecs colossaux, les comédies musicales trouvent, petit à petit, leur public en France. Jean-Luc Choplin, le directeur du Théâtre du Châtelet, a d’ailleurs souligné le phénomène en déclarant : « C’en est fini de l’exception qui voulait que Paris soit la seule capitale où les comédies musicales ne triomphent pas. » Il s’agit d’une forme d’art qui laisse énormément de liberté aux créateurs de spectacles et offre, en une seule représentation, un panel de formes artistiques différentes. Que vous soyez attiré par le théâtre, la danse ou le chant, il y a fort à parier que vous apprécierez d’assister à une comédie musicale. Si c’est déjà le cas, laquelle avez-vous le plus aimé ?

 

Par Ronan Le Goff, le

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