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Un « collier » de scarabées vieux de 2 500 ans retrouvé dans une tombe d’enfant en Pologne

Cette découverte révèle une facette méconnue des rites de l'âge du fer

— © Hałuszko, A., Kadej, M., & Józefowska, A. (2025)

Au sud-ouest de la Pologne, une fouille archéologique a révélé une découverte inattendue au cœur d’une tombe vieille de 2 500 ans. Dans l’urne funéraire d’un enfant, les chercheurs ont retrouvé un objet d’une rare fragilité, qui pourrait bien bouleverser notre compréhension des rituels de l’époque de Hallstatt. Explications.

Un trésor fragile dans la tombe 543

Entre 2005 et 2007, les archéologues ont exploré plus de 800 sépultures dans le vaste cimetière de Domasław, daté entre 850 et 400 avant Jésus-Christ. Parmi elles, la tombe 543 s’est distinguée par son contenu exceptionnel. Dans une urne contenant les restes incinérés d’un enfant d’une dizaine d’années, on a découvert non seulement une fibule en bronze, des fragments d’écorce de bouleau ou encore des ossements animaux, mais surtout 17 fragments d’exosquelettes de coléoptères.

Une analyse fine a permis d’identifier l’espèce : Phyllobius viridicollis, un charançon vert encore présent aujourd’hui en Europe. Douze pronota intacts (la plaque thoracique en forme de bouclier du scarabée) et cinq fragments avaient été soigneusement déposés, certains même enfilés sur un brin d’herbe, comme s’ils formaient un collier ou un ornement destiné à l’enfant défunt.

— © Hałuszko, A., Kadej, M., & Józefowska, A. (2025)

Un bijou funéraire aux significations multiples

Ce qui frappe les chercheurs, c’est le caractère intentionnel de la préparation. Les scarabées avaient été modifiés : têtes, pattes et abdomens retirés, plaques thoraciques préservées et assemblées. Le résultat évoque un bijou rituel, créé spécifiquement pour accompagner l’enfant dans l’au-delà.

La conservation de ces restes organiques relève du hasard : la corrosion de la fibule en bronze a libéré des composés de cuivre qui ont imprégné les carapaces et empêché leur décomposition. Grâce à cette réaction chimique, mais aussi aux analyses au microscope électronique, les archéologues disposent d’un témoignage rarissime sur un objet qui aurait normalement disparu depuis des millénaires.

Au-delà de la symbolique, les chercheurs ont aussi pu dater la saison de l’inhumation : ces coléoptères apparaissent au printemps et disparaissent en été, tout comme les pissenlits dont le pollen a été retrouvé dans l’urne. L’enfant aurait donc été enterré à la belle saison, à un moment précis du cycle naturel.

— © Hałuszko, A., Kadej, M., & Józefowska, A. (2025)

Les insectes, entre beauté et magie

L’utilisation d’insectes dans les ornements funéraires ne se limite pas à la Pologne. Des parallèles existent dans d’autres cultures : en Ukraine et en Roumanie, les Houtsoules confectionnaient autrefois des colliers de hannetons aux vertus protectrices, tandis qu’à l’époque victorienne, les ailes de scarabées irisées étaient prisées dans la mode et la bijouterie. Plus récemment encore, une découverte en Corée du Sud a révélé une couronne vieille de 1 400 ans ornée d’ailes de scarabée.

Dans le cas de Domasław, la signification exacte reste inconnue, mais les chercheurs estiment que l’objet combinait valeur esthétique et symbolisme spirituel. Le scarabée, souvent associé à la transformation et au cycle de la vie, aurait pu servir de talisman pour accompagner l’enfant défunt dans son dernier voyage.

Cette découverte exceptionnelle rappelle que les sociétés préhistoriques ne s’exprimaient pas seulement à travers la pierre ou le métal : elles savaient aussi donner une valeur rituelle à des objets éphémères, parfois aussi fragiles qu’un fragment d’insecte.

Par ailleurs, une couronne vieille de 1 400 ans ornée d’ailes de scarabée a été mise au jour en Corée du Sud.

Par Cécile Breton, le

Source: Arkeonews

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