Une récente découverte dans l’épave d’un navire du XVe siècle, surnommé le « château flottant », met en lumière les évolutions militaires maritimes de l’époque. Des archéologues sous-marins suédois ont mis au jour un coffre contenant des outils utilisés pour la fabrication de balles de plomb destinées aux premières armes à feu de poing, ce qui suggère des changements significatifs dans les tactiques de combat naval.
Évolution de la guerre navale
Le coffre se trouve à l’intérieur de l’épave du Gribshunden (« chien de griffon »), un « château flottant » royal danois qui a coulé en 1495 dans les eaux au sud de la Suède à la suite d’un incendie, supposément causé par une manipulation inappropriée de la poudre à canon. Des plongeurs amateurs ont découvert l’épave dans les années 1970, et Johan Rönnby, archéologue maritime et professeur à l’université de Södertörn en Suède, effectue des recherches depuis 2013.
Rolf Warming, archéologue maritime et doctorant à l’université de Stockholm, pense que cette découverte pourrait apporter de nouveaux éclairages sur les circonstances du naufrage. En collaboration avec M. Rönnby, Warming a préparé une nouvelle étude sur le coffre d’armes et d’autres objets provenant de l’épave du Gribshunden.
Cette découverte témoigne également d’une évolution précoce de la guerre navale, qui est passée du combat à mains nues et de l’éperonnage – tactiques utilisées depuis l’Antiquité – à l’utilisation d’armes à feu pour frapper les navires adverses à distance. Mais Warming a fait remarquer qu’il a fallu plus d’un siècle pour que ce changement soit largement adopté.
Analyse du coffre d’armes
Warming et Rönnby ont produit un modèle 3D virtuel et précis du coffre d’armes en utilisant la photogrammétrie, une méthode qui consiste à fusionner numériquement des images. Le coffre est toujours immergé sur le site de l’épave, près de la ville suédoise de Ronneby. Il contenait des moules pour fabriquer des balles de plomb utilisées dans les premiers pistolets, ainsi que des cylindres qui auraient pu servir à stocker de la poudre à canon.
Le coffre a été identifié par les chercheurs comme un « zeuglade », une sorte de coffre à outils représenté dans des peintures modernes sur des champs de bataille historiques et utilisé pour la fabrication de munitions. Le coffre pourrait avoir appartenu à un groupe de mercenaires germanophones qui se trouvaient sur le navire lors de son naufrage.
Selon Warming, une chemise d’armure en cotte de mailles en laiton, fabriquée au début des années 1400 dans la ville bavaroise de Nuremberg, se trouvait quelque part sur les débris. Les cylindres du zeuglade ressemblent à ceux qui ont été documentés comme étant des cylindres de stockage de poudre à canon. L’incendie et l’explosion qui ont coulé le navire restent encore mystérieux, et pourraient être liés à la mauvaise manipulation de la poudre à canon.
Contexte historique
Le Gribshunden était le navire amiral du roi danois Hans (Jean), qui se rendait au port suédois de Kalmar. Cependant, Hans et son entourage n’étaient pas à bord au moment du naufrage. L’Union de Kalmar, qui réunissait le Danemark, la Norvège et la Suède sous une monarchie unique, a été établie à Kalmar au XIVe siècle. Cependant, suite au déclin de l’utilisation de l’accord, Hans s’est efforcé en 1495 à convaincre la Suède de réintégrer l’union sous son règne.
M. Warming a déclaré que de plus amples informations sur l’incendie qui a provoqué le naufrage du Gribshunden permettraient de répondre aux questions restées sans réponse à ce sujet. Il a souligné qu’il y avait probablement moins de soldats à bord que l’ensemble des effectifs en temps de guerre, en raison de la mission diplomatique du navire.
Les archéologues ont également trouvé des preuves de l’existence de plates-formes de combat surélevées sur le Gribshunden. Lors des combats maritimes, les soldats auraient utilisé ces plates-formes, tirant peut-être des arbalètes et des fusils sur leurs adversaires. Le Gribshunden est l’un des premiers navires dont les plates-formes ont été intégrées à la coque plutôt qu’ajoutées après la construction du navire. Par ailleurs, perdue depuis plus d’un siècle, l’épave du SS Nemesis a été découverte au large de l’Australie.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
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