Confrontée à de terribles problèmes de pollution, la Chine prend les devants. Tous les moyens sont bons pour combattre le fléau. Le dernier projet en date : une sorte de cité-forêt prévue pour 2020.
La Chine en pleine guerre contre la pollution
Sur le front de l’écologie, la tendance n’est pas optimiste. Entre le retrait de l’Amérique de Trump de l’Accord de Paris sur le climat, les dernières prévisions alarmistes des scientifiques sur le réchauffement climatique ou l’extinction de masse des espèces, les bonnes nouvelles sont rares. Et elles viennent souvent de Chine. Pays le plus pollué de la planète, la première économie mondiale semble prête à beaucoup d’efforts pour contrer ce qui apparaît comme une menace existentielle sur sa sécurité alimentaire ou la santé de ses habitants (la pollution de l’air provoquerait environ 1 millions de morts par an). Après la réitération de ses engagements internationaux ou la construction de la plus grande centrale solaire flottante du monde, voici donc son projet de ville verte.
Le projet a été lancé dans la province de Guangxi (Sud-Est de la Chine, à la frontière avec le Vietnam), à quelque pas de Liuzhou, une ville « moyenne » (par rapport aux standards chinois) de 4 millions d’habitants. L’objectif de cette ville parfaitement intégrée dans son écosystème est de réduire la pollution. Au total, elle devrait ainsi absorber près de 10 000 tonnes de CO2 par an tout en produisant sur la même durée 900 tonnes d’oxygène. Un bon bilan.
Prouesse architecturale
Pour parvenir à ce résultats, tous les moyens sont bons. Cette ville-forêt s’appuiera principalement sur une végétation dense et luxuriante : on prévoit d’y planter environ 40 000 arbres, et de recouvrir le tissu urbain de pas moins d’un million de plantes d’une centaine d’espèces différentes. Un bon moyen de filtrer l’air, mais aussi de créer les conditions favorables à l’épanouissement d’un riche écosystème en milieu urbain (oiseaux, insectes, petits animaux…). Pour parvenir à ce résultat, la végétation sera placée » non seulement dans les parcs et les jardins, ou le long des rues, mais sur les façades [et les toits] des immeubles « , précise le cabinet d’architecte en charge du projet.
Le pendant de cette ville verte est bien sûr la production d’énergie. Les 175 hectares de terrains se doivent d’être autosuffisants, et ce, en utilisant uniquement des sources d’énergies non polluantes, comme la géothermie et l’éolien. La cité forestière sera rattachée à la capitale de la préfecture par des voitures électriques et une ligne ferroviaire rapide. Bien sûr, ces éléments urbanistiques ne seront pas réalisés au détriment du confort ou de la modernité : la ville comprendra des hôpitaux, des écoles, divers espaces récréatifs, et elle sera entièrement connectée !
Vers un nouveau modèle d’urbanisme
Ce projet s’inscrit dans un courant plus vaste à l’échelle du pays et même du monde. L’humanité vit désormais essentiellement dans les villes (à l’avenir le taux d’urbanisation devrait s’harmoniser autour de 75 %, comme dans les pays les plus développés). La ville du futur est une branche de l’urbanisme à part entière. L’architecte de notre ville-forêt, Stefano Boeri, s’est d’ailleurs fait une spécialité de ce genre de constructions écologiques, avec son building vert à Milan (et bientôt à Nanjing en Chine). Un autre projet de ville verte pourrait d’ailleurs voir le jour dans les environs de la très polluée Shijiazhuang dans le nord du pays. La Chine, avec son potentiel économique fait figure d’eldorado, mais d’autres projets existent (comme Iskandar en Malaisie).
Ces villes du futur, qui mêlent innovation technologique, souci environnemental, et cadre de vie idyllique (les plantes formant aussi des barrières sonores), risquent cependant de rester le privilège d’une petite portion de l’humanité. Il n’est pas anodin à cet égard que les structures végétales de Boeri soient des hôtels de luxe. De la même manière, la ville forestière en construction n’abritera que 30 000 âmes, à comparer aux millions d’habitants de Liuzhou. On peut donc craindre que malgré l’apparition de petits îlots paradisiaques, la plus grande part de l’humanité du futur soit toujours contrainte de s’entasser dans des bidonvilles, ou au mieux dans des banlieues résidentielles aussi polluées que polluantes…
Par Tristan Castel, le
Source: Courrier international
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